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France : Première bourde politique de Bayrou et première rébellion face à Macron, il laisse les morts de Mayotte pour filer à Pau

France : Première bourde politique de Bayrou et première rébellion face à Macron, il laisse les morts de Mayotte pour filer à Pau

Notable de province, disait-on du nouveau Premier ministre François Bayrou… Au point de détourner le regard des sinistrés et des dizaines de morts de la Mayotte (on redoute un bilan humain encore plus terrible) pour filer vers sa ville tranquille de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, pour les besoins du Conseil municipal de ce lundi 16 décembre dans la soirée. Bayrou y est maire depuis 10 ans et n’a aucune intention de lâcher son fauteuil, contrairement aux usages sous la 5ème République. Même quand le malheur, la désolation et la mort frappent le nouveau locataire de Matignon honore son rendez-vous avec ses administrés. Sans doute le besoin de se ressourcer – déjà ?! -, loin de l’agitation parisienne…

L’agitation sur le cumul des mandats est relancée, au pire moment

Bayrou a bataillé dur et aurait même fait du chantage au président Emmanuel Macron pour être nommé après une longue course de 7 ans et presque autant de Premiers ministres cramés (5 exactement). Maintenant il y est, il devra assumer la fonction jusqu’à la lie. En faisant des infidélités à Matignon en pleins drames à Mayotte il commet une bourde politique qui lui attire doublement les foudres de ses opposants. Il a tort de croire que sa bonhomie le protégera de tout, rien ne lui sera pardonné.

Et c’est parti pour la relance du débat passionné sur le cumul des mandats, Bayrou était guetté, il a sauté à pieds joints. On ne le verra pas ce soir à la réunion interministérielle de crise sur Mayotte, le chef du gouvernement a osé laisser tout le boulot au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, mais il a surtout osé faire faux bond plan au chef de l’Etat, qui préside cette réunion. Rappelons que l’archipel a été ravagé par le cyclone Chido samedi dernier…

Est-ce que Macron est outillé pour gagner son bras de fer avec son Premier ministre, qu’on sait très coriace et combatif sous ses airs de père de famille tranquille (6 enfants et 21 petits-enfants) ? L’avenir nous le dira, en attendant l’avenir immédiat pour Bayrou c’est sa chère ville de Pau, avec 35 dossiers sur la table du Conseil municipal, rapporte “Le Parisien”, dont les investissements pour 2025, le futur pôle de santé ainsi que les subventions des associations. Rien d’urgentissime, mais Bayrou voit les choses autrement.

Il avait «dit» qu’il serait là ce lundi «et il le fera», a asséné son premier adjoint, Jean-Louis Peres, sur “France Bleu”. L’élu local soutient mordicus qu’il est «tout à fait possible» et même «souhaitable» que le nouvel occupant de Matignon puisse garder en même temps sa casquette de maire. «Il l’avait envisagé comme ça», cela lui permet de «résoudre les questions que se posent les Français» avec «du très concret», argue l’adjoint…

A noter que Bayrou est également président de l’agglomération de Pau, laquelle gère 31 communes et plus de 160 000 habitants. Le Conseil municipal a été programmé presque au même moment que la réunion de crise sur Mayotte (18 heures pour l’une, 19 heures pour l’autre), mais le cabinet du Premier ministre affirme qu’il prendra part à la réunion de Paris, par visioconférence.

L’opposition boit du petit lait…

Inutile de vous dire que la gauche, qui a fait part de ses désaccords avec Bayrou après leur rencontre autour de la formation du gouvernement, n’a pas boudé son plaisir. «Quelle honte !», a décoché la députée de la France insoumise (LFI) Gabrielle Cathala. «Et les dossiers nationaux ? Se rendre à Mayotte par exemple ou plus d’un millier de personnes seraient mortes selon le préfet ?»…

Idem chez le socialiste Arthur Delaporte, il juge cette attitude «indigne et irrespectueuse (…). Alors même que Mayotte traverse l’une des pires tragédies et que le Premier ministre doit aussi former un gouvernement, sa priorité est d’assister à son conseil municipal», dénonce l’élu du Calvados.

Le député LFI Aurélien Saintoul y est allé de son explication et elle vaut le détour : François Bayrou «sait bien que son gouvernement durera moins de temps qu’il n’en faut pour organiser le conseil municipal suivant». Le sénateur communiste Pierre Ouzoulias tire aussi sur le chef du gouvernement, qui saute de «Haut-commissaire à son plan de carrière», en allusion à sa précédente fonction de Haut-commissaire au plan.

Bayrou, en tout cas, n’entend pas marcher sur les pas des anciens Premiers ministres Édouard Philippe (Le Havre), Jean Castex (Prades) et Jean-Marc Ayrault (Nantes), qui tous s’étaient défaits de leurs mandats de maire une fois à Matignon. L’actuel chef du gouvernement préfère suivre la voie de feu Jacques Chirac, qui s’était cramponné à son maroquin de maire de Paris lors de sa seconde nomination à Matignon, entre 1986 et 1988.

A noter que dans la Constitution rien n’oblige un Premier ministre de se démettre de son écharpe de maire, ce sont les usages républicains qui le veulent, des traditions qui sont parfois plus puissantes que la légalité. On verra si Bayrou sera aussi costaud que Chirac…

 

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