Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui vient de passer haut la main le test à très haut risque du match France-Israël (il faut dire aussi qu’avec un stade vidé de ses spectateurs et autant de policiers que de passants il y avait peu de chances de se louper) s’attaque à tous ceux qui veulent bloquer le pays. Il a averti ce dimanche 17 novembre : «Tolérance zéro» en cas de «blocage durable» des routes…
C’est valable pour les agriculteurs, qui ouvrent les hostilités dès ce dimanche, à l’appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs ; c’est valable aussi pour les syndicats de la SNCF. Le ministre tente même la tactique de la division pour dégonfler le front social, d’après lui les cheminots «prennent régulièrement en otage les Français qui travaillent», alors que les agriculteurs au moins «n’arrivent plus à vivre du fruit de leur travail». Bien essayé Retailleau, on verra si la trouvaille fonctionne.
Les agriculteurs s’insurgent contre la bureaucratie, la chute drastique de leurs revenus en dépit des aides publiques et européennes ; mais surtout ils sont vent debout contre l’accord de libre-échange UE-Mercosur. Le gouvernement de Michel Barnier est du côté des agriculteurs, il s’active même pour faire capoter l’accord mais ce n’est pas gagné. Et si les résultats ne suivent pas il sera très difficile de contenir la colère des agriculteurs et Retailleau le sait, c’est pour cela qu’il prépare le bâton, au cas où…
Il a clairement dit aux syndicats qu’il ne tolérerait pas la paralysie de la France. Les agriculteurs se feront entendre et voir cette semaine, partout dans le pays, moins d’un an après leur mouvement inédit dans les campagnes. Les automobilistes s’en souviennent encore. Ces blocages le ministre de l’Intérieur n’en veut plus et il l’a signifié aux dirigeants syndicaux agricoles, a confié Retailleau dans le Grand jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat.
Le ministre a fixé «trois limites. Pas d’atteintes aux biens, pas d’atteintes aux personnes, et pas d’enkystement, pas de blocage durable parce que sinon ce sera tolérance zéro». Le ministre n’hésitera pas «à mobiliser» les policiers pour débloquer la circulation. Et quand le journaliste lui demande s’il sera «plus ferme» que son prédécesseur, qui avait laissé faire quand des agriculteurs avaient déversé du lisier devant les préfectures et ventilé du fumier, Retailleau rétorque : «Je n’ai pas parlé de fumier, je n’ai pas parlé d’action symbolique dès lors qu’il n’y a pas de dégradation de bien, d’atteinte à la personne ou de blocage, évidemment».
Il a ajouté qu’il a engagé le «dialogue» avec les organisations syndicales, «justement pour pouvoir éviter les dérapages». Par contre pour les grévistes de la SNCF l’apaisement n’est pas de rigueur : «Les cheminots, une partie – pas tous –, prennent régulièrement en otage les Français qui travaillent (…). Entre des agriculteurs qui n’arrivent plus à vivre du fruit de leur travail et des syndicats de cheminots qui veulent prendre en otage les Français, il y a deux poids deux mesures».
Aucun ministre de l’Intérieur n’a jamais osé parler de la sorte aux cheminots. On verra si ce langage guerrier opère chez les durs de la SNCF. La bataille psychologique est d’autant plus importante qu’on est à quelques encablures des vacances de décembre, les voyageurs en tremblent déjà. Si Retailleau doit gagner le combat c’est maintenant…
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires