Le président Emmanuel Macron avait dès ses voeux de Nouvel An remis sur la table la réforme des retraites, comme pour signifier à tout le monde que cette fois il ne transigerait pas comme il l’a fait lors de son premier mandat. Les syndicats aussi, dans un unanimisme très inquiétant pour le gouvernement, ne reculeront pas. La retraite à 64 ans, même si elle ne sera appliquée que d’ici 2030, c’est NON pour tous les grands syndicats de la France, et ils entendent le marteler bruyamment dans la rue ce 19 janvier.
Et pour compliquer encore plus la tâche du gouvernement la gauche souffle sur les braises en appelant à rejoindre le mouvement anti-réforme. Jean-Luc Mélenchon et compagnie veulent sans doute par là faire payer au gouvernement ses passages en force au Parlement, avec l’article 49.3 dont la Première ministre Elisabeth Borne a usé et abusé pour faire valider son projet de Budget 2023.
Macron a certes un peu lâché du lest sur ses engagements d’avant son second mandat – partir à la retraite à 65 ans -, mais ça ne suffira pas à calmer la grogne des syndicats et des opposants, même l’extrême droite de Marine Le Pen. Les trois mois de concertations et de pédagogie active n’y ont rien fait, travailler 2 ans de plus pour faire valoir ses droits à la retraite les centrales syndicales disent Niet.
Mme Borne a pourtant brandi la nécessité absolue de «garantir l’équilibre» budgétaire au terme de la décennie, de subventionner «des mesures de justice», d’obtenir des «avancées» sur le travail des séniors, les «carrières longues», la pénibilité, une majoration substantielle des petites pensions – 1200 euros brut par mois pour une carrière complète… Tout ça n’a pas convaincu les détracteurs du projet gouvernemental.
Les syndicats font bloc pour s’insurger contre une réforme «brutale» et ont dans la foulée annoncé «une première journée de grèves et de manifestations» ce 19 janvier, le point de «départ d’une puissante mobilisation dans la durée», a plaidé le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger, rapporte Le Point ce mercredi 11 janvier. Tous les partis de gauche ont embrayé, la France insoumise (LFI) de Mélenchon prépare même une «marche pour les retraites» ce 21 janvier à Paris. De quoi polluer le calendrier du gouvernement, qui envisage de présenter son projet de loi en Conseil des ministres deux jours après, le 23 janvier.
Mme Borne a déjà son plan pour accélérer la cadence et contourner les pièges de l’opposition : Se rabattre sur un budget rectificatif de la Sécurité sociale pour entrer de suite dans le vif du sujet en vue d’une adoption définitive fin mars. Et si ça ne suffisait pas et qu’une guerre de tranchées à coups d’amendements à l’Assemblement nationale empêchait Mme Borne de passer rapidement, il y aura toujours son arme de prédilection, le fameux 49.3.
Donc tout le monde, en dépit de l’agitation de la gauche et de l’extrême droite, a compris que ce n’est pas au Parlement que ça se jouera mais dans la rue. «ça ne se passera pas qu’à l’Assemblée», a d’ailleurs dit le leader de la CGT, Philippe Martinez, en ajoutant qu’il est «déterminé à ce que ce projet de loi ne passe pas». Il souhaite «du monde dans les manifs et du monde en grève». Des secteurs névralgiques tels que les transports et l’énergie donneront le ton de la mobilisation, de la réussite ou de l’échec du projet phare de Macron.
En tout cas le renseignement territorial est déjà sur ses gardes, craignant des débordements hors du cadre syndical. Le ministère de l’Intérieur se prépare à des rassemblements peu organisés, à l’instar des manifestations des contrôleurs de la SNCF ou des médecins libéraux dernièrement. D’après Europe 1, de nombreux rassemblements pourraient avoir lieu dès ce mercredi et les autorités redoutent le blocage du port maritime de Nantes-Saint-Nazaire.
On s’attend également à du mouvement demain jeudi dans la soirée, devant la sous-préfecture de Béziers et la préfecture de Montpellier. Déjà hier soir, du monde s’est réuni dans les rues de Perpignan, ameuté par la CGT…
Mais la grande crainte des autorités régionales et nationales, par-dessus tout, c’est le grand retour du ramdam des Gilets jaunes. On les a aperçus dans les rues des grandes villes la semaine dernière. Certes la mobilisation dans tout le pays n’affole pas les compteurs, avec quelque 5000 manifestants, mais le cocktail avec les syndicats pourrait être explosif, surtout si l’agitation s’étale dans le temps, comme le promettent les détracteurs du projet gouvernemental.
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