La Première ministre Elisabeth Borne savait qu’en dégainant le 49.3 pour imposer une réforme des retraites rejetée par la grande majorité des Français elle essuierait le boomerang d’une motion de censure. Elle en a même eu deux, qui seront votées dans les prochaines heures. Pire : Près de sept Français sur dix – 68% -, les mêmes qui s’étaient opposés au report de l’âge de départ à la retraite, souhaitent que les députés votent la censure et fassent tomber le gouvernement…
Même chez les électeurs d’Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle ils sont 51% à être favorables à la chute du gouvernement, d’après une nouvelle enquête Elabe pour BFMTV publiée ce lundi 20 mars.
C’est la motion de censure du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot), cosignée par des élus de quatre autres groupes (insoumis, socialistes, écologistes et communistes), qui sera examinée la première. Après place à celle du Rassemblement national (RN). Mais manifestement celle du RN a moins de chances de faire le plein en raison du caractère très clivant de l’extrême droite…
Si une des motions passe le gouvernement démissionne immédiatement et la loi qui a mis le feu dans le pays passe automatiquement à la trappe. D’après les dernières remontées de terrain au moins 261 députés se disent disposés à voter la motion du groupe Liot. Mais il en faudra au moins 287 pour faire chuter le gouvernement. Encore une fois c’est la droite – les Républicains (LR) – qui tiennent l’avenir du gouvernement entre leurs mains…
Jusqu’où les compagnons d’Eric Ciotti vont profiter de cette posture de faiseur de roi ? Le moins qu’on puisse dire est que la droite a louvoyé de cette affaire. Pourtant c’est une réforme qu’elle défend depuis un paquet d’années. Et d’ailleurs ce sont les élus de droite, largement majoritaires au Sénat, qui ont acté le texte après y avoir introduits tous les changements qu’ils voulaient, dont l’élimination de tous les régimes spéciaux de retraite, ce qui a ulcéré les cheminots, les éboueurs, etc.
Mais maintenant la musique est toute autre. Le président des LR, qui fait tout pour flairer le sens du vent et ne veut surtout pas être entrainé dans la chute de la majorité, pointe maintenant des erreurs dans les actes posés par le gouvernement. Des députés de droite, dont Aurélien Pradié, n’hésitent pas à dire ouvertement qu’ils voteront la motion de censure du groupe Liot…
Même si le gouvernement s’en sort on voit mal comment il pourrait maintenir le cap dans une agitation sociale pérenne et ce discrédit politique, tout en étant l’otage d’une droite qui fera tout pour « monnayer » ses voix, ce qui braquera encore plus la rue et l’opposition de gauche. Bref, le scénario est kafkaïen et il est très improbable que la Première ministre y survive, dans tous les cas de figure.
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