En avril 2022 on vous disait que le deuxième mandat du président Emmanuel Macron sera un enfer, l’atterrissage raté après la dissolution de l’Assemblée nationale et le ratage des législatives anticipées le confirment. Le chaos politique est total et de toute évidence la nomination du très énergique et pugnace Michel Barnier au Premier ministère n’y changera rien. Le baromètre politique Cluster 17 pour le journal «Le Point» est terrible pour Macron, à bien des égards…
D’abord on y apprend que l’ex-locataire de Matignon, Gabriel Attal, est plus populaire que jamais. Certes le sondage a été réalisé avant son remplacement par Barnier mais il ne change rien au fait que depuis des mois les Français disent systématiquement, dans chaque enquête, que le maintien d’Attal est le mieux indiqué pour les défis actuels. Il n’y a que le chef de l’Etat qui voyait les choses autrement. On a vu où ses saillies et “lumières” ont mené le pays.
D’ailleurs Attal a eu beaucoup de mal à cacher sa frustration lors de la passation de pouvoir avec Barnier, après à peine 8 mois passés à Matignon et 5 à l’Education nationale. L’histoire de l’ex-Premier ministre est une suite de rendez-vous manqués mais il est très jeune (35 ans) et son avenir est encore à écrire et peut-être en lettres d’or, qui sait…
Son ex-patron, Macron, ne peut pas en dire autant. Il est crédité de 18% d’opinions favorables dans ce sondage. Le président de la République est bien parti pour recevoir la palme du pire président de la 5ème République.
Après Attal les grands gagnants de cette enquête sont Marine Le Pen et Jordan Bardella, les chefs de file du Rassemblement national (RN), dont on dit – surtout Mme Le Pen – qu’ils ont pesé de tout leur poids pour la nomination de Barnier à Matignon. La patronne des députés RN l’a nié publiquement mais personne n’est dupe, s’il y a bien un “faiseur de rois” sur l’échiquier politique français c’est bien l’extrême droite avec son armada de… parlementaires.
«La nomination de Michel Barnier à Matignon a suscité un enthousiasme très important au sein de l’électorat Les Républicains. Et plus largement sur tout le spectre du centre jusqu’à la droite, voire chez les identitaires», commente Stéphane Fournier, directeur d’étude Cluster 17. D’après un autre sondage réalisé pour “Le Point”, les 5 et 6 septembre, à peine 23% des Français interrogés disent l’apprécier, 11% manifestent leur soutien et 42% n’ont aucun avis sur l’homme de droite ou ne le connaissent pas. C’est beaucoup, beaucoup trop.
Ce qui est certain c’est que le nouveau Premier ministre a déjà un ennemi déclaré, quoi qu’il fasse : la gauche. 61% des électeurs du Nouveau Front populaire (NFP) n’agréent pas cette nomination. «La stratégie du Premier ministre de décrocher des cadres de gauche s’annonce compliquée. Ceux-ci se mettaient immédiatement en porte-à-faux vis-à-vis de leur électorat», dit Stéphane Fournier.
Dans la “Macronie” seule l’étoile de Gabriel Attal brille encore, lui l’ancien socialiste. Matignon ou pas il reste leader parmi les responsables politiques préférés des Français, selon le baromètre, avec 36% de cote de popularité. Mieux encore : «il a indiscutablement pris le leadership aujourd’hui sur l’espace central depuis la dernière campagne des législatives», ajoute Fournier…
Chez les électeurs de Macron la cote d’Attal monte à 83%, plus que celle de l’ancien Premier ministre d’Édouard Philippe (77%), le premier candidat déclaré pour la présidentielle de 2027. Quant aux ministres de l’Economie et de l’Intérieur, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, tous deux démissionnaires, ils semblent définitivement distancés avec respectivement 44% et 43% de bonnes opinions.
A gauche le leader de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, reste “le patron”, à en croire ce sondage. Dans l’électorat qui se dit «très à gauche» Mélenchon recueille 89% d’opinions favorables. Mais dans l’électorat qui se dit «à gauche» c’est l’Écologiste Marine Tondelier qui sort du lot avec 69% d’opinions positives, François Ruffin (ex-LFI) la talonne avec 64%…
Les enseignements qu’on en tire c’est que le radical Mélenchon dévisse peut-être dans l’opinion publique en général mais reste le ténor de la gauche. Une mauvaise nouvelle pour l’ancien président François Hollande, qui n’a pas eu droit (impopularité oblige, attisée par Macron) à une deuxième candidature en 2017 mais s’y verrait bien à la faveur de son élection au Parlement. Ce sondage est encore pire pour le très insipide Olivier Faure, leader du Parti socialiste. Mais 2027 c’est encore très loin.
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