Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire est monté au front ce mardi 18 avril pour tenter d’aider le président Emmanuel Macron à ramener le calme dans la maison France, après les engagements pris hier lundi dans le discours télévisé. Le chef de l’Etat s’est donné 100 jours pour requinquer le pays, son ministre a choisi de commencer par le dossier de la fraude sociale. Et comme à chaque fois qu’on déballe ce sujet Le Maire a dérapé sur les étrangers…
Récupérer le pactole de la fraude aux prestations sociales, c’est un des chantiers du président pour conjurer le traumatisme de la réforme des retraites et donner un gage de justice sociale après une réforme que la grande majorité des Français jugent fondamentalement injuste. On peut aussi soupçonner la majorité de courir derrière l’extrême droite, la principale “bénéficiaire” de la colère populaire, à en croire tous les sondages…
Macron a promis de faire «des annonces fortes dès le mois de mai» contre la délinquance, la fraude sociale et fiscale, son ministre annonce déjà la couleur. «Nos compatriotes en ont ras le bol de la fraude», a lâché Le Maire. Les prestations sociales, «c’est le contribuable, c’est l’entrepreneur, c’est le salarié» qui les décaissent, «ils n’ont aucune envie de voir que des personnes peuvent en bénéficier, les renvoyer au Maghreb ou ailleurs, alors qu’ils n’y ont pas droit», a asséné le ministre sur BFMTV.
Et quand la journaliste lui glisse qu’on pourrait y voir un «clin d’œil au RN» de Marine Le Pen le ministre dément, s’offusque presque : «On ne fait de clin d’œil à personne, on veut juste que l’ordre républicain soit défendu (…). Le modèle social est fait pour protéger les plus modestes […] certainement pas pour envoyer illégalement de l’argent à l’étranger».
Evidemment l’opposition de gauche n’en a pas loupé une miette. Le leader du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a déclaré que «l’extrême droite remplit dangereusement le vide gouvernemental». Il est allé jusqu’à accuser Le Maire de «mobiliser des préjugés racistes pour éviter de rappeler que la fraude sociale est essentiellement le fait des employeurs et la fraude fiscale est sans commune mesure».
Même son de cloche chez plusieurs députés de la France insoumise (LFI). «Jean-Marie Le Pen est bien vivant. À vomir», a commenté Thomas Portes, élu de la Seine-Saint-Denis. Idem du côté de François Piquemal, député de la Haute-Garonne : «Les 100 jours de l’apaisement de Macron, c’est donc cela ? Servir la soupe au RN comme il l’a servi[e] au gouvernement en votant contre l’augmentation des salaires de concert avec lui depuis bientôt un an ? »
«La diversion pour sortir de l’impasse sur les retraites ? Alimenter le racisme et servir la soupe au RN. Ignoble. Voilà les consignes de Macron, exécutées par Bruno Le Maire et toute sa bande», a dit pour sa part l’élu de la Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud. Le chef de file de LFI, Manuel Bompard, s’est contenté d’un message bref mais puissant, sur son compte Twitter : «quelle honte»…
Benjamin Lucas, député Génération⋅s des Yvelines, lui n’a pas hésité à appeler le ministre de l’Économie «Bruno Le Pen».
Le ministre délégué aux Comptes publics Gabriel Attal, très loin des excès de Le Maire, s’est borné à évoquer sur France inter la fraude fiscale. Il a confié qu’il dévoilera «dans les prochaines semaines» un programme de lutte contre la fraude, «avec des mesures fortes». Il a avancé le doublement des effectifs du Service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF). Et là il y a beaucoup à ramasser, avec toutes ces grandes banques qui trichent.
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