On l’a vu avec les idées nauséeuses véhiculées par Christophe Belgembe juste avant d’assassiner le ressortissant tunisien Hichem Miraoui, on l’a vu avec l’apologie du nazisme signée par des candidats du Rassemblement national (RN) lors des législatives, on l’a vu avec les fréquentations du président du RN, Jordan Bardella, au Parlement européen : l’extrême droite restera ce qu’elle a toujours été. Pourtant la fille de Jean-Marie Le Pen, Marine, s’est donné beaucoup de mal pour ravaler la façade, pour prendre ses distances – du moins verbalement – avec les débordements racistes, judéophobes et xénophobes de papa, elle a tout fait pour imprimer dans les têtes que le RN n’est pas le Front national. Le scandale autour du groupe Facebook «Jordan Bardella» prouve que le label Le Pen ne changera jamais.
On a vu le jeune président du parti, à peine 29 ans, défendre ses couleurs et son programme hier jeudi 12 juin dans la soirée sur LCI. Il a été malmené par un chef d’entreprise mais on le sait, la politique économique et financière n’a jamais été la tasse de thé de l’extrême droite. Pourtant Bardella, dont le CV tient sur une demi-page, ambitionne de diriger en 2027 la 2e puissance économique de la zone euro et 7e mondiale. Et à en croire les sondages il a toutes ses chances. Enfin, si la justice stoppe définitivement Mme Le Pen…
Piloter le pays du haut de ses 31 ans, après tout pourquoi pas si les citoyens en décidaient ainsi, mais quelle France propose le RN ? Dans une enquête publiée hier jeudi 12 juin, le média « Les Jours » braque les projecteurs sur une terrifiante plateforme dans laquelle trônent les discours racistes et les «appels au meurtre», comme du temps de Jean-Marie Le Pen. Comme quoi. Pire : 16 députés RN ou apparentés en étaient membres, mais «la majorité des poids lourds du parti l’ont quitté» après que les journalistes les ont contactés.
Le groupe a été rebaptisé et mis en mode pause. Rappelons que dans une précédente enquête publiée le 2 juin la même source ébruitait l’existence d’un groupe Facebook, dénommé «La France avec Jordan Bardella». On ne pouvait y entrer qu’en faisant valoir son statut d’adhérent au RN. Pourtant des soutiens d’Éric Zemmour se sont glissés, bon ils ont été «exfiltrés lorsqu’ils proposaient l’union des droites» mais «les appels à la haine et à la violence, les propos antisémites, homophobes, islamophobes et racistes étaient, eux, nettement moins régulés».
Le site d’information en ligne a débusqué ces 10 derniers jours un autre groupe, relevant officiellement du RN. Si ce réseau de 84 000 membres a été purgé «en catastrophe» depuis que les curieux l’ont approché, le média a fait de drôles rencontres au lendemain du triomphe du Paris Saint-Germain en Ligue des Champions et des heurts qui ont émaillé l’événement. Les partisans de Bardella se sont lâchés, avec des dizaines de messages haineux…
«Sous plusieurs publications postées entre le 1er et le 8 juin, Les Jours ont recensé près d’une centaine de commentaires racistes et d’appels à la haine et au meurtre (…)», tous libellés par des militants, adhérents ou sympathisants du RN. Les messages repris par le journal dépassent l’entendement en termes de violence et de racisme décomplexé : «Bande de cafards, pire que des blattes», «race de merde», «tirez à balles réelles»… Ces propos ont passé les barrières et filtres, pourtant «36 administrateurs et modérateurs, tous issus du RN», étaient censés y veiller.
Ce n’est pas tout, l’enquête révèle également un autre commentaire «aux allures d’apologie du terrorisme», posté le 8 juin 2025, après le meurtre raciste de Miraoui dans le Var. Un membre du sulfureux groupe Facebook a écrit «votez bien la prochaine fois», en allusion aux propos inqualifiables de l’auteur du crime. Alexandre Allegret-Pilot, titulaire du badge «contributeur star», a répliqué aux journalistes qu’il n’est pas obligé de «faire la police» sur les groupes dans lesquels il publie.
Personne ne contrôle, modère ou censure quand ça déborde, et ça déborde souvent. C’est cela la France de Bardella, il ne faut pas s’y leurrer. Bien sûr il soutiendra le contraire en s’offusquant qu’on l’accuse de manquement aux vertus républicains, comme il l’avait fait quant il avait dû virer des listes électorales les adorateurs d’Adolf Hitler. Mais ce dernier scandale prouve une fois de plus que le racisme, la xénophobie, l’islamophobie et toutes les horreurs de ce type sont consubstantiels à l’extrême droite, ils sont dans son ADN.
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