Une main d’oeuvre abondante, malléable et corvéable à souhait, sans que les malheureux n’aient aucun recours parce qu’étant des clandestins. C’est le sinistre business monté par un policier corse, un chef adjoint de la police aux frontières (PAF) à Figari. Le policier véreux a été coincé, il est mis en examen pour des faits gravissimes : corruption et exploitation d’étrangers sans-papiers. L’affaire a été ébruitée après un rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). L’accusé a été radié mais ses ennuis ne sont pas terminés pour autant.
Le comble de la misère, qui plus est exploitée par un agent de l’Etat assermenté. “Mediapart” a exposé les dessous de ce dossier le 9 septembre 2024. L’homme, surnommé «le chauve», avait pour mission de sécuriser le territoire national, c’est une toute autre activité qui a germé dans son cerveau détraqué : Faire travailler les sans-papiers originaires du Maghreb. Ils ont fini par balancer leur bourreau.
Les victimes, principalement d’origine maghrébine, ne redoutaient pas l’expulsion mais d’être obligés de payer de l’argent qu’elles n’avaient pas pour s’éviter des sanctions pénales. Des témoignages font état de paiements contraints juste pour pouvoir continuer à travailler dans des conditions illégales. Un comble ! On peut difficilement imaginer un système plus vicieux pour extorquer des sous.
En décembre 2022, après plusieurs mois d’investigations, le brigadier major Étienne M., âgé de 66 ans, a été mis en examen pour diverses infractions, “notamment la corruption passive, le détournement de fichiers, l’extorsion, l’aide au séjour irrégulier et le travail dissimulé“. Ces chefs d’accusation sont étayés par des éléments matériels amassés par l’IGPN. Le policier a couvert les horreurs que les employeurs faisaient subir à ces clandestins en échange de versements ou de services.
Étienne M. a d’abord fait l’objet d’une détention provisoire durant 5 mois, il a été libéré mais sous contrôle judiciaire jusqu’à son procès. En dépit de l’épaisseur du dossier il dément formellement avoir esclavagisé les sans-papiers. Les enquêteurs ont établi que le suspect servait les employeurs locaux dans les secteurs du bâtiment et de l’agriculture. En échange ses “clients” s’occupaient des travaux de sa maison. Et évidemment avec ce gradé qui veillait au grain le réseau d’employeurs ne risquait aucun ennui.
Le bruit sur ces agissements a commencé à courir en 2021, d’abord au sein des forces de l’ordre, avec des confidences sur un policier qui demandait des pots-de-vin pour garantir la tranquillité avec des travailleurs sans-papiers. L’aéroport de Figari, où il était en service, était peu animé en dehors de la saison touristique, une situation qu’il a mis à profit pour bétonner son réseau sans éveiller les soupçons.
Mais au fil du temps les témoins ont commencé à défiler, tous pointaient Étienne M. Un travailleur marocain a déclaré avoir été contraint de débourser 500 euros pour reprendre son passeport après un contrôle. D’autres témoignages abondent dans le même sens, tous les employeurs qui utilisaient les services de ce policier ont été débusqués.
Pour passer entre les gouttes le brigadier fuyait les outils de communication officiels, ni téléphone ni ordinateur de service. Par ailleurs il réglait la plupart de ses factures en espèces, ce qui forcément interroge quand on a un salaire de fonctionnaire. Mais c’est surtout le témoignage d’Abdelhamid N. qui l’a enfoncé. L’entrepreneur en bâtiment, lui aussi mis en examen, a déballé tout ce qu’il savait…
Lors de son interrogatoire il a reconnu qu’il employait des ouvriers clandestins et a révélé avoir payé 500 euros à Étienne M. pour échapper aux contrôles. Les enquêteurs ont découvert 20 000 euros en liquide planqués chez une tante du brigadier, une somme manifestement générée par le trafic du policier.
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