Le gouvernement de Michel Barnier, sans doute le plus polémique de toute l’histoire de la 5e République (il pourrait aussi avoir la durée de vie la plus courte), entre dans le dur dès ce lundi 23 septembre. Après un petit-déjeuner chez le Premier ministre, à Matignon, le gouvernement prend la direction de l’Elysée pour son tout premier Conseil des ministres, piloté par le président Emmanuel Macron. Ce dernier voulait sortir des sentiers battus en déniant au premier arrivé des législatives – la gauche – le droit de composer un gouvernement, le chef de l’Etat sera servi, beaucoup plus qu’il le souhaite. Vous ne pouvez pas écraser ostensiblement les deux listes qui comptent le plus de députés (le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national), qui plus est dans un régime devenu parlementaire par la volonté de Macron, et espérer voguer sur un long fleuve tranquille. C’est impossible.
Aujourd’hui pour évoquer les dangereux récifs qui attendent Barnier nous ne convoquerons pas les longues tirades soporifiques des analystes et commentateurs de la vie politique française, nous donnerons la parole à un humoriste et chroniqueur, en l’occurrence Régis Mailhot. Ils savent y faire, avec leur pâte à eux, quand il s’agit de croquer les affaires du pays et celles du monde. Rappelons-nous les saillies de Guillaume Meurice sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, une sortie que la direction de France Inter ne lui pardonnera jamais. De ce point de vue Mailhot prend moins de risques. Voici son regard très singulier sur le gouvernement Barnier, rapporté par “Le Point” :
“Quel soulagement ! Après deux mois sans exécutif et sans feuille de route, la France a un gouvernement. Enfin ? Personnellement, je m’étais plutôt bien accommodé de cette infinie transition…
Loin de moi l’idée de minimiser le poids réel des politiques sur la conduite des affaires courantes face à la machine administrative, mais peut-être aurions-nous dû poursuivre cette expérimentation qui jusque-là apportait globalement satisfaction et permettait d’apaiser les esprits… Car, ne soyons pas naïfs, un gouvernement conservateur face à un double front populiste plus énervé qu’une tiktokeuse sans wi-fi dispose d’une espérance de vie équivalente à celle d’un Vélib sur le périph.
«Tiens, tu sautes Mimiche»
«Les derniers seront les premiers», prédisait le grand barde humaniste Jean-Jacques Goldman. Et il avait raison. Après sept années d’une interminable attente, c’est avec une impressionnante armada de 41 députés que la droite française a enfin décroché son gouvernement. Cette affaire fut aussi une aubaine pour la Macronie déliquescente, qui empoche dans l’opération plus de portefeuilles qu’un voleur à Barbès. Le macronisme restera dans l’histoire politique le synonyme d’une assurance blindée contre l’alternance…
Bref, tout cela ressemble à un gouvernement sous bipeurs. Pas les bipeurs trafiqués par le Mossad, mais ceux bidouillés par les soins experts du RN et du NFP. Un double détonateur avec option (préjudiciable) de retardateur de réforme… Libérée fin décembre de son agenda judiciaire, Marine Le Pen déclenchera-t-elle le détonateur au moment propice ? « Tiens, tu sautes Mimiche. » Quant à Olivier Faure, le soupard du PS, bien connu pour son sens de l’État, on sent qu’il l’a saumâtre depuis que son scénario de casse du siècle a basculé à celui de misérable ramasse-miettes.
Anciens ministres à vie
Souhaitons néanmoins bienvenue à nos nouveaux anciens ministres à vie. Ce gouvernement, j’ai décidé de ne pas en retenir le casting, car je suis bien trop sentimental pour m’attacher à des personnes qui vont bientôt me quitter. Barnier cherchait des poids lourds, il n’a trouvé que des voiturettes sans permis. « On va aider Michel Barnier à faire une vraie politique de droite », a déclaré Laurent Wauquiez. Merci Lolo pour le coup de main de « bon copain » que l’on n’appellera pas pour un déménagement. Le natif du Puy-en-Velay a refusé de relever le défi de sauver les finances publiques. On ne saurait reprocher à un Auvergnat de savoir compter (note pour la police de l’humour inclusive : en tant que natif de Clermont-Ferrand, je suis autorisé à user de cet odieux stéréotype), mais qui a envie de devenir capitaine du Titanic alors que l’iceberg a heurté la coque du navire, et que Leonardo DiCaprio s’est déjà transformé en bâtonnet de glace sous les yeux humides de Kate Winslet ? Pas besoin d’avoir fait Science Po pour savoir qu’il est plus facile de séduire un électeur en affrétant des charters qu’en augmentant les impôts. À Bercy, c’est donc Antoine Armand, un illustre macroniste inconnu (pléonasme), qui récupère le portefeuille le plus scruté du FMI. Pas certain que ses initiales AA soient considérées comme suffisantes pour conserver notre bonne note chez Standard & Poor… Wait & see !”.
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