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France : Un sondage terrible pour Macron-Borne, finiront-ils comme Juppé en 1995?

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Le président Emmanuel Macron a un énorme problème. Je ne parle pas de la méga manifestation qui se profile ce 31 janvier, après le raffut du 19 janvier, je parle de cette lame de fond au sein de la société française qui rejette catégoriquement la réforme des retraites, son projet phare. Et il y a plus grave pour le destin de la majorité présidentielle dans ce sondage Elabe pour BFM TV, publié hier mercredi 25 janvier…

La réforme des retraites, notamment le recul de l’âge départ à la retraite (64 ans à l’horizon 2030 contre 62 ans actuellement), est maintenant recalée par 72% des Français sondés. C’est une hausse de 6 points en une semaine et +13 points en deux semaines. C’est beaucoup. Seuls 27% (-7) des citoyens interrogés approuvent la démarche du gouvernement. «L’opposition à la réforme progresse fortement en une semaine et devient pour la première fois majoritaire chez les retraités (59 %, + 13)», indique l’institut, cité par Le Point.

Et quand on demande aux citoyens les motifs du rejet de cette réforme 84% avancent «une opposition au contenu» et 16 % «une opposition à Emmanuel Macron et au gouvernement d’Élisabeth Borne». Par ailleurs 74 % (+10 points en une semaine) sont d’avis que la réforme est «injuste», 62 % (+5) la jugent «inefficace» pour garantir la pérennité du système de retraites et 54% (+1) soutiennent qu’elle n’est «pas nécessaire»…

Rappelons que l’ex-président François Hollande a lui aussi soufflé sur les braises dernièrement, avec quasiment les mêmes arguments que ceux dégainés par les sondés.

«Cette réforme a été démocratiquement présentée et validée» avait argué le chef de l’État, et bien 71% des sondés sont formels : «Emmanuel Macron a tort». Et pour ne rien arranger aux affaires du gouvernement, le rang des Français en faveur de la mobilisation contre la réforme gonfle : 64% des sondés, +8 points.

Par ailleurs 57% des Français interrogés (+2) disent qu’ils «comprendraient que les grévistes bloquent le pays, car c’est le seul moyen pour que le gouvernement retire ou modifie sa réforme des retraites», même s’ils sont 71% à penser que la réforme «sera votée et appliquée».

Ce qui est le plus problématique pour la suite du mandat c’est la forte érosion de la cote de Macron et de sa Première ministre Élisabeth Borne. La politique du chef de l’État est «décevante» pour 64% des Français sondés, une hausse de 7 points depuis octobre. Seuls 15% (+2) des citoyens sondés jugent «satisfaisante» l’action de Macron. 21% (9) soutiennent qu’«il est trop tôt pour se prononcer».

Élisabeth Borne trinque également dans ce sondage : pour 57% des Français interrogés c’est une «mauvaise» Première ministre (+20 points en comparaison avec ses bons chiffres de fin septembre 2022) contre 25% (-6) qui continuent de penser que c’est une «bonne» cheffe de gouvernement.

Reste à savoir si la dynamique de l’impopularité croissante de Macron-Borne est suffisamment forte pour que l’exécutif batte en retraite sur cette réforme, comme le fit en 1995 le Premier ministre de l’époque, Alain Juppé. Il a été le premier à faire preuve de volontarisme dans l’épineux dossier des retraites, il avait essuyé des manifestations monstres et une grève générale de trois semaines. In fine il abandonna son texte controversé…

Bon, la France s’est bien droitisée depuis et beaucoup de citoyens ont compris que la situation n’est plus tenable et qu’il faille réformer. Mais la pandémie du Coronavirus et la guerre en Ukraine sont passées par là. Les Français, lessivés par les périodes de confinement, la cherté de la vie et terrorisés par l’avenir, ne veulent plus entendre parler de sacrifices. C’est le moment qu’a choisi pour dégainer son projet. Le timing est on ne peut plus mauvais.

La mobilisation de ce 31 janvier et les autres – car il y en aura forcément – nous en diront plus sur le destin de cette promesse de campagne de Macron qu’il avait enterrée durant son premier mandat. Il s’est engagé dans ses voeux de Nouvel an à foncer. De toute évidence il sera tenaillé entre le devoir d’aller au bout – pour le bien de la France, pour l’Histoire, la sienne aussi – et la résistance d’une rue incandescente…

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