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Gaza : de Villepin revient à la charge et il est terrifié, la réunion des dirigeants européens lui donne raison

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L’ancien Premier ministre et ancien chef de la diplomatie Dominique de Villepin, qui avait éclairé le débat le 12 octobre, est revenu à la charge ce vendredi 27 octobre, sur BFMTV-RMC. Il est encore plus préoccupé que la fois dernière, “comment ne pas l’être“, dit-il. 20 jours après l’attaque sanglante du 7 octobre perpétrée par le Hamas l’armée israélienne est toujours sur le front, mobilisée dans la perspective des combats de rue à Gaza. Tsahal n’est pas encore entré dans l’enclave palestinienne, à part quelques incursions de chars pour repérer les otages et dégager le terrain. Pour autant l’ancien collaborateur du président Jacques Chirac ne voit aucune lueur d’espoir à court terme…

Nous sommes face à un gouffre émotionnel (…). Face à l’horreur du 7 octobre, il y a aujourd’hui le sentiment d’une menace existentielle pour chaque Israélien (…) et les bombardements que nous voyons sur Gaza, ne laissent que peu d’espoir à la plupart des populations civiles“, a lâché l’homme qui a tenu tête au va-t-en guerre Georges W. Bush en 2003 au Conseil de sécurité de l’ONU.

Ce “gouffre” est aussi “géopolitique“, a souligné de Villepin. Par ailleurs il a pointé l'”absence” d’une “autre perspective” pour Gaza qu’un “bain de sang” face à une “offensive terrestre massive” d’Israël. A noter qu’hier l’armée israélienne a fait savoir qu’il a envoyé des chars dans l’enclave palestinienne pour “préparer le champ de bataille“…

La perspective de paix le président Emmanuel Macron y est revenu après avoir dévié de la ligne historique de la France quand le Hamas a frappé. Le chef de l’Etat français a même plaidé en Israël pour la solution à deux Etats. Un peu plus tard ses démons sont revenus et il a “sorti de son chapeau” (c’est le président du Rassemblement national Jordan Bardella qui l’a dit) sa proposition surréaliste sur la mobilisation de la coalition internationale anti-Daech pour combattre le Hamas.

Là attention, alerte de Villepin, qui parle d’un triple piège que tend le groupe islamiste palestinien. Le premier est “celui de l’horreur maximale (…). C’est le risque d’un engrenage du militarisme (…) comme si on pouvait avec des armées régler un problème aussi grave que la question palestinienne“.

J’ajouterai que si la force suffisait à solutionner tous les problèmes la surpuissante armée américaine n’aurait pas essuyé des revers au Vietnam, la Russie de Vladimir Poutine aurait terrassé l’Ukraine depuis belle lurette, la France ne serait jamais partie de l’Algérie, les bombes de Bush auraient amené la paix en Irak, etc. On peut s’étaler sur la question à l’infini…

Deuxième piège : “celui de l’occidentalisme“, a dit l’ancien ministre des Affaires étrangères. C’est “l’idée que l’Occident, qui a, pendant cinq siècles géré les affaires du monde, va pouvoir tranquillement continuer à le faire” sans qu’en face la résistance s’organise et mette des grains de sable dans la machine parfaitement huilée…

J’ajouterai que c’est ce qui se produit actuellement sur le continent africain, avec cette inquiétante épidémie des coups d’Etat pour couper définitivement le cordon de la France-Afrique.

Et le troisième piège est celui du “moralisme (…). Le reproche est toujours le même. Vous dénoncez ce qui s’est passé en Ukraine, mais vous êtes bien timides face au drame qui se joue à Gaza”, a asséné de Villepin…

Par ailleurs il invite les Occidentaux à “ne pas confondre les Palestiniens avec le Hamas” et à militer pour une “réponse mesurée” et “ciblée” à Gaza. “Le plus gros travail aujourd’hui, c’est celui qui consiste pour les pays européens, les États-Unis à aider Israël à avancer au-delà de cette réponse militaire“, a-t-il ajouté…

Une réponse “forte” mais “juste” et “ciblée” après l’attaque du Hamas, Européens et Américains disent la même chose depuis le début mais dans les faits qui empêchera Israël d’écraser tout et tout le monde sur son passage ? Vu d’ici rien ni personne. Hier, après les débats houleux, les dirigeants européens ont trouvé dans la douleur un accord à minima : Des “couloirs humanitaires” pour les populations de Gaza et des “pauses” pour que l’aide passe.

Des petites pauses, entre deux bombardements massifs et aveugles, au lieu d’un vrai cessez-le-feu humanitaire. C’est tout ce que Macron et compagnie ont à proposer à l’enclave palestinienne. De Villepin a bien raison d’être inquiet…

 

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