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Gaza : “Près de 450 000” civils ont fui Rafah suivant le plan de Netanyahu, Washington lève son faux veto, qui les arrêtera?

Gaza : “Près de 450 000” civils ont fui Rafah suivant le plan de Netanyahu, Washington lève son faux veto, qui les arrêtera?

Des airs de déjà vu, comme en 1948 après la mise sur pied de l’Etat d’Israël. Ce mercredi 15 mai des dizaines de milliers de civils continuent de déserter Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Ils fuient les bombardements massifs et incessants, ils n’ont pas cessé même quand les partenaires des deux pays négociaient – plus ou moins sincèrement – les termes d’un arrêt des combats. Ils ne cesseront pas maintenant que presque tout espoir de trêve est quasiment mort, encore mois un cessez-le-feu durable sur lequel on pourra bâtir un accord de paix définitif. Et ne parlons même pas d’un Etat palestinien en bonne et due forme, que le président américain Joe Biden a agité pendant un certain temps mais dont il ne parle plus.

Ce que le Hamas ne pouvait pas prévoir…

Depuis le 6 mai, date à laquelle Tsahal a donné l’ordre aux civils de quitter les secteurs Est à Rafah, “près de 450.000 personnes ont été déplacées de force“, a déclaré l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Donc ça roule parfaitement pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, selon les plans qu’il avait fixés. Alors pourquoi l’armée israélienne arrêterait de pilonner Rafah ?

La guerre arrêtera d’autant moins que le parrain, celui qui fournit les armes, Washington, bénit l’opération. Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a conversé hier mardi avec l’ancien Premier ministre israélien et membre du Cabinet de guerre, Benny Gantz. Sullivan n’a pas pris de gant : il faut “accroître la pression internationale sur le Hamas, tout en maintenant la pression militaire, pour parvenir à un accord permettant de libérer les otages et d’éliminer la menace du Hamas“…

Libérer les otages israéliens même au prix d’une trêve qui de toute façon n’arrêtera pas la guerre – Netanyahu a été très clair et les USA ne soutiennent pas le contraire – et détruire le Hamas, c’est le seul cap. La vie des otages ou ce qui en reste (le Premier ministre a osé évoquer le retour des otages morts), c’est le seul rempart entre le Hamas et Tsahal. En les prenant le 7 octobre dernier le groupe palestinien se disait que c’est la seule chose qui peut empêcher Netanyahu de pulvériser Gaza pour répliquer à l’attaque sanglante. Maintenant on sait que même la vie des otages ne freine pas l’Etat hébreu.

Le plan de l’après-guerre était dans l’air avant le 7 octobre

La question n’est pas de savoir est-ce que Tsahal pénétrera à Rafah, avec ses chars, mais quand et comment ? Comment l’armée israélienne occupera la zone dans la durée, comment elle l’administrera, que fera-t-elle des civils ? Ce sont les éléments qui ont refroidi les ardeurs du président américain, Joe Biden. C’est ce qui l’a poussé à surseoir la livraison de bombes lourdes. Les morts palestiniens, la Maison Blanche n’en veut plus, en tout cas pas par dizaines de milliers, mais quelques centaines n’empêcheront pas l’administration américaine de dormir…

La preuve : Quelques jours après avoir claironné que les Etats-Unis suspendent la livraison d’armes lourdes l’exécutif annonce que le Congrès validera une livraison d’armes à Israël pour près d’un milliard de dollars, principalement des munitions. On sait ce que Netanyahu fera de ces projectiles. Si on veut avoir une lecture juste des relations entre Washington et Tel-Aviv c’est ce soutien militaire qu’il faut observer, et pas les rebuffades de Biden qui finissent toujours par des reculades pour soigner les intérêts d’Israël.

Des liens indéfectibles, que ce soit les démocrates ou les républicains au pouvoir aux USA, c’est cela les rapports israélo-américains. C’est cela la vérité absolue, tout le reste n’est que poussière. Le plan de l’après-guerre est déjà sur la table et on n’y a pas vu le Hamas. Cela ne veut pas dire que le mouvement palestinien disparaîtra complètement, c’est matériellement impossible, même le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken l’a dit publiquement. Mais empêcher les Gazaouis et tous les autres de prendre leur destin en main – un Etat indépendant – ça c’est possible. Israël le fait depuis 75 ans, qu’est-ce qui l’empêchera de continuer ? Qui lui barrera la route ?

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