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Gazoduc Maroc-Nigéria : Rabat montre à Alger ses muscles, 5 accords le même jour

Gazoduc Maroc-Nigéria : Rabat montre à Alger ses muscles, 5 accords le même jour

On croyait que l’Algérie avait refroidi les ardeurs du Maroc en scellant avec le Nigéria le méga projet du Gazoduc transsaharien. Il n’en est rien. Rabat vient de relancer le sien, avec le même partenaire, le Nigéria, première économie du continent. Pas moins de 5 mémorandums d’entente tripartites ont été signés le lundi 5 décembre 2022, rapporte l’agence officielle marocaine (MAP).

Le Maroc renouvelle ses grandes ambitions en Afrique de l’Ouest mais également en direction de l’Europe. Il a d’abord scellé son partenariat avec le Nigéria puis a signé avec la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée, la Sierra Leone et le Ghana. Ces mémorandums d’entente, dans la droite ligne de ceux signés avec la CEDEAO le 15 septembre 2022 et avec la Mauritanie et le Sénégal le 15 octobre 2022, ont tous le même objectif : Assurer à l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest une quantité suffisante de gaz. L’exportation vers l’Europe est également en ligne de mire, indique le communiqué commun.

Rappelons que le Gazoduc Maroc-Nigeria à terme courra le long de la côte ouest-africaine depuis le Nigeria, via le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée Bissau, la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie jusqu’au Maroc. Une envergure totale de 5000 km, c’est pas peu. Il sera relié au Gazoduc Maghreb-Europe et au réseau gazier européen. Une bonne affaire également pour les États enclavés du Niger, du Burkina Faso et du Mali…

Ce gros projet existe sur le papier depuis 2016. Le Maroc, même s’il ne l’avoue pas, cherche également à coiffer au poteau l’Algérie, qui a mis sur la table son gazoduc depuis 2002. Mais comme Alger a sommeillé depuis, Rabat s’est engouffré dans la brèche pour dégainer le gazoduc offshore le plus long du monde, alors que le transsaharien algérien fait 4128 km. Mais l’essentiel est ailleurs : il est dans les financements que le Maroc n’a pas pu collecter jusqu’ici, 20 milliards de dollars tout de même. L’Algérie, en vertu de son gros matelas de devises et des partenariats solides avec les pays européens, est assurément mieux lotie sur ce plan.

L’autre écueil, pour les deux pays, ce sont les aspects techniques et logistiques de cette affaire. Le Nigéria a beau être le 2e producteur africain de pétrole et le 3e en gaz, on le voit mal monter deux méga projets avec deux pays différents. C’est tout simplement irréaliste. Donc il faudra bien faire le tri entre ce qui relève de la posture guerrière, entre deux voisins rivaux – le Maroc et l’Algérie -, et ce qui est du domaine d’une démarche rationnelle, viable économiquement et dont l’Afrique et l’Europe attendent beaucoup. Bref, le fin mot de l’histoire est loin d’être dit.

 

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