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Ghannouchi s’offre une tribune au “Figaro” : il a retrouvé la clé du “paradis perdu”

Ghannouchi s’offre une tribune au “Figaro” : il a retrouvé la clé du “paradis perdu”

Il ne passe pas un jour sans qu’on entende et qu’on voit gigoter le président du Parlement dissous, Rached Ghannouchi. Et à chaque fois que l’infatigable chef de file des islamistes s’exprime c’est presque toujours pour dire du mal de son bourreau, le chef de l’Etat, Kais Saied, celui qui a scié le 25 juillet 2021 le douillet perchoir sur lequel trônait Ghannouchi. Le leader historique de Ennnahdha a raconté la trame de cette disgrâce à un journaliste du quotidien français Le Figaro, qu’il a reçu dans sa résidence cossue de Nahli, au nord de la capitale, Tunis…

Puisque le journaliste était dans le plus grand embarras pour désigner son interlocuteur, Ghannouchi s’est présenté de manière péremptoire en ces termes : “Je suis le président de l’Assemblée des Représentants du peuple (ARP)“. Entendez par là qu’il ne reconnait aucun des actes posés par le président de la République depuis le fameux 25 juillet 2021. Le journal français est revenu sur toutes les péripéties de cette affaire qui fait encore grand bruit, jusqu’à la séance plénière virtuelle qui vaut aux députés frondeurs de très lourdes charges qu’ils se sont empressés d’exploiter politiquement en les brandissant comme une manifestation de la tyrannie qui règne en Tunisie…

D’après Ghannouchi c’est une des raisons pour lesquelles le FMI ne vaut pas desserrer les cordons de sa bourse. Bon, là c’est une contre-vérité puisque le FMI n’a jamais mentionné la trajectoire de Kais Saied parmi les obstacles à la signature d’un accord, les freins sont ailleurs. Par ailleurs même la France suivie par l’Union européenne ont changé de braquet dernièrement et ont très finement donné un quitus au chef de l’Etat jusqu’aux élections de décembre 2022. Alors si les partenaires européens ont fini par valider la démarche politique et institutionnelle du chef de l’exécutif tunisien, que dire du FMI lequel s’en tient traditionnellement à des considérations macroéconomiques…

Le quotidien français a également évoqué la dernière bouée de sauvetage de l’opposition : le Front du salut national que tente de monter Ahmed Nejib Chebbi, une initiative qu’appuie Ennahdha, affirme son président. Mais un rapprochement contre nature qui pose problème à certains militants. L’un d’entre eux a confié au journal français qu’il s’oppose à Kais Saied, mais ne peut “pas aller manifester aux côtés d’Ennahdha” au motif que le mouvement est cité dans les assassinats politiques qui ont secoué le pays en 2013…

Que rétorque Ghannouchi dans cette affaire et dans toutes celles – notamment économiques – qui plombent le pays depuis 2011 ? “Nous avons soutenu des gouvernements sans forcément y participer. Ces gouvernements auraient dû avoir plus d’audace et mener des réformes parfois difficiles, comme celle des entreprises publiques ou la rationalisation des subventions aux produits de première nécessité. Nous partageons un partie de la responsabilité de ces échecs, mais il faut il faut aussi reconnaître que nous avons été un facteur de stabilité au Parlement. La Tunisie est une oasis de paix dans un environnement en feu. Regardez la Libye voisine !“, argue le chef de file des islamistes…

Comment résoudre cette crise politique et harmoniser les violons avec le chef de l’Etat ? Ghannouchi a sa solution : Puisqu’il est impossible de retourner au paradis perdu – le Parlement – autant organiser des élections générales – législatives et présidentielle – dans les 6 prochains mois. Mais avant ça il faut un “retour du Parlement” lequel cette fois se bornerait à confectionner la loi électorale et élire enfin les membres de la Cour constitutionnelle. Le président du Parlement dissous voudrait nous faire croire que comme par enchantement les députés se mettraient d’accord pour installer la Cour constitutionnelle alors qu’ils n’ont pas pu le faire depuis 2014…

Il n’est pas le premier à tenter le coup pour anesthésier le président de la République et l’amener à rouvrir le Parlement, Attayar, Al Joumhouri et Ettakatol avaient essayé le mois dernier, avec presque un argumentaire du même type. Saied n’était pas tombé dans le panneau. Ghannouchi n’a pas plus de chances d’y arriver…

 

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