Economie

Grandes cultures : Grave pénurie d’intrants attendue pour la saison à venir

Grandes cultures : Grave pénurie d’intrants attendue pour la saison à venir

Selon une étude récemment publiée par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), le conflit russo-ukrainien a perturbé les chaînes d’approvisionnement et entraîné une hausse des prix de l’énergie et des céréales dans le monde, étant donné que la Russie et l’Ukraine figurent parmi les principaux producteurs de céréales comme le blé, l’orge et le maïs.

La Russie est le premier producteur de céréales dans le monde et l’Ukraine est le quatrième producteur de maïs, cinquième producteur de blé et troisième producteur d’orge. Le conflit entre les deux géants du monde des céréales a perturbé le secteur agricole ukrainien et a ralenti les exportations russes.

Grandes cultures : une grave pénurie d’intrants et de financement

Le secteur céréalier en Tunisie est un secteur stratégique, car il représente, selon les données de l’institut, 13% de la valeur ajoutée agricole. Entre 2008 et 2018, la dépendance de l’État tunisien aux importations de céréales a atteint 57,35%. Malgré son importance, ce secteur souffre de problèmes structurels dont le plus important est le manque d’engrais et la pauvreté des sols en matières organiques.

L’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises et l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche ont mené une enquête sur l’impact du conflit russo-ukrainien sur le secteur agricole, auprès de 100 agriculteurs, actifs dans les grandes cultures, dans un certain nombre de régions.

Selon les résultats du questionnaire, 67% des agriculteurs s’attendent à une pénurie de semences. Quant aux pesticides, tous ont confirmé que leurs prix vont continuer à augmenter. Un tiers des agriculteurs ont exprimé leur mécontentement face la mauvaise qualité des pesticides, à l’absence de contrôle et à l’écart de prix entre les fournisseurs.

D’un autre côté, les résultats de l’enquête ont montré que 42% des agriculteurs comptent sur leur propres moyens pour se financer, tandis que la part d’agriculteurs qui recourent aux banques ne dépasse pas 7%, notant que 48% des agriculteurs interrogés n’ont même pas recours à ce type de financement bancaire, pour plusieurs raisons, notamment le retard dans l’étude des dossiers, les complications administratives et l’impossibilité d’obtenir les sommes requises, ce qui entraîne une limitation de l’investissement.

48% des agriculteurs interrogés exigent que le prix du blé dur soit compris entre 150 et 160 dinars le quintal, tandis que 61% des agriculteurs interrogés exigent que le prix du blé tendre soit compris entre 130 et 150 dinars le quintal, enfin 52 % exigent que le prix de l’orge soit compris entre 90 et 100 dinars le quintal.

Les cultures céréalières ne couvrent qu’un quart de la consommation locale

L’Office des céréales a confirmé dans un récent communiqué qu’au 5 août, 7,433 millions de quintaux de céréales ont été collectés, répartis entre 6,683 millions de quintaux pour le blé dur, 0,343 million de quintaux pour le blé tendre et 0,407 million de quintaux pour l’orge, notant que les quantités collectées permettront, compte tenu du rythme de consommation mensuel, qui est de l’ordre de 1 million de quintaux de blé dur, d’assurer les besoins jusqu’à fin 2022.

Sous ce même angle, l’organisme gouvernemental a indiqué qu’un plan avait été élaboré pour atteindre l’autosuffisance en blé dur au cours de la prochaine campagne céréalière.

Cependant, les indicateurs de l’office restent en dessous des estimations initiales optimistes prévoyant une récolte céréalière d’environ 18 millions de quintaux, d’une part, et sont loin de réaliser des programmes d’autosuffisance, car le pays a besoin d’importer plus de deux tiers de sa consommation, estimée à 32 millions de quintaux, d’autre part.

Malgré les conditions climatiques favorables de cette saison, la récolte était médiocre vu l’achat des récoltes directement aux agriculteurs par des contrebandiers et des intermédiaires, en plus de la grave pénurie d’engrais et d’intrants de base pendant la période des semis.

Il convient de noter que le pays connaît depuis un certain temps des perturbations dans l’approvisionnement en céréales, la guerre russo-ukrainienne ayant imposé une nouvelle réalité aux pays importateurs de céréales, dont la Tunisie, après que les prix des céréales ont atteint des niveaux record, ce qui a coûté au budget de l’Etat tunisien 1,3 milliard de dinars supplémentaires de subvention cette année.

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