Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis continuent de peser lourdement sur les échanges bilatéraux, comme en témoignent les dernières données publiées par les Douanes chinoises.
En mai 2025, les exportations de la Chine vers les États-Unis ont chuté de 12,7 %, illustrant l’impact direct des surtaxes douanières imposées par l’administration Trump.
Selon les statistiques dévoilées lundi, les exportations chinoises, tous marchés confondus, n’ont progressé que de 4,8 % sur un an, un chiffre nettement inférieur aux prévisions des économistes consultés par l’agence Bloomberg, qui anticipaient une hausse de 6 %. Cette performance décevante marque un net ralentissement du commerce extérieur chinois, notamment avec les États-Unis, principal partenaire impacté.
En valeur, les exportations vers les États-Unis sont passées de 33 milliards de dollars en avril à 28,8 milliards de dollars en mai, soit une baisse de 4,2 milliards de dollars en un mois (environ 3,7 milliards d’euros). Les surtaxes douanières imposées dans le cadre du bras de fer engagé par Donald Trump avec Pékin semblent produire un effet tangible sur les flux commerciaux transpacifiques.
Une reprise économique chinoise difficile
Cette baisse brutale des exportations s’inscrit dans un contexte économique déjà tendu pour la Chine. Le pays fait face à une pression déflationniste persistante, alimentée par la faible consommation des ménages, une crise prolongée dans le secteur immobilier et un chômage élevé chez les jeunes.
En mai, l’indice des prix à la consommation (CPI) a reculé de 0,1 % sur un an, enregistrant ainsi une quatrième baisse mensuelle consécutive. Bien que cette diminution soit conforme aux résultats du mois précédent, elle confirme l’installation du pays dans une phase de déflation. Cette situation inquiète les analystes : une baisse durable des prix incite les consommateurs à reporter leurs achats, freinant ainsi la demande intérieure et, par ricochet, l’activité industrielle.
Le tableau est encore plus sombre du côté des prix à la production, qui ont chuté de 3,3 % en mai par rapport à l’année précédente, contre -2,7 % en avril. Cette nouvelle contraction des coûts à la sortie des usines pèse sur les marges des entreprises industrielles et confirme la fragilité du tissu productif chinois.
Légers rééquilibrages avec d’autres partenaires
Tous les marchés ne sont toutefois pas en repli. Les exportations vers le Vietnam, par exemple, ont légèrement augmenté pour atteindre 17,3 milliards de dollars en mai, preuve d’un repositionnement stratégique partiel de la Chine vers d’autres partenaires asiatiques.
« La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis a entraîné une forte baisse des exportations vers les États-Unis, mais cette baisse a été compensée par une augmentation des exportations vers d’autres pays », analyse Zhiwei Zhang, économiste du cabinet Pinpoint Asset Management, dans une note publiée ce lundi.
Cependant, il avertit que les perspectives restent « très incertaines », notamment en raison du ralentissement de l’effet d’anticipation. Celui-ci avait incité certains acheteurs étrangers à avancer leurs commandes pour éviter de potentielles surtaxes supplémentaires.
Négociations sino-américaines à Londres : un espoir fragile
C’est dans ce climat de tension économique que s’ouvrent ce lundi à Londres une nouvelle série de discussions commerciales entre les délégations américaine et chinoise, après une première rencontre à Genève le mois dernier.
La délégation américaine est emmenée par le secrétaire au Trésor Scott Bessent, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick et le représentant au commerce extérieur Jamieson Greer. Côté chinois, le vice-Premier ministre He Lifeng mènera les pourparlers.
Les deux parties espèrent prolonger la trêve commerciale et entamer un dialogue sur la réduction des surtaxes imposées mutuellement. Ces discussions font suite à un échange téléphonique entre Donald Trump et Xi Jinping, jeudi dernier, qualifié de « très positif » par le président américain.
Ainsi, la Chine traverse une zone de turbulence économique sérieuse, entre ralentissement des exportations, déflation persistante et tensions commerciales durables. Tandis que les négociations à Londres pourraient marquer une étape vers la désescalade, la guerre commerciale initiée par Washington continue de peser sur l’économie mondiale.
Les prochains mois s’annoncent décisifs pour la deuxième puissance économique du globe.
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