Le Projet de la Loi de finances 2022 est tombé hier ici même, à Tunisie Numérique. La cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a maintenant son petit ballon d’essai pour sonder l’humeur de ceux à qui cette salve de taxes tous azimuts est destinée, les contribuables. Toujours les mêmes qui sont rincés quand tous les autres horizons sont bouchés, planquant sous le tapis l’ambitieuse et difficile politique de relance, avec une vraie vision économique. Pour l’instant aucune agitation dans la rue dans la perspective de cette cohorte de ponctions fiscales, hausses et élimination progressive des subventions. Les Tunisiens ont la tête ailleurs et il y a de bonnes raisons à cela…
Les gens sont surtout préoccupés en ce moment par le fiasco des pass sanitaires, terrorisés par les menaces des autorités : Des sanctions financières, des coupes sur les salaires et autres joyeusetés. Nos responsables ne sont pas doués du tout pour communiquer avec leurs concitoyens, ils ont l’art d’en rajouter à l’anxiété ambiante avec des termes dont ils ne mesurent pas l’impact dans la tête des gens…
La violence était sociale, elle s’est institutionnalisée hélas. Les autorités ne savent pas – ou feignent d’ignorer – que tout ça macère dans le cortex de leurs administrés et que tôt ou tard ça finit par un feu d’artifice dont personne ne veut : désobéissance civile, incivilités, défiance vis-à-vis des institutions et des lois, explosions sociales…
Le gouvernement tunisien et celui qui se cache derrière, le président de la République, Kais Saied, auraient tort de penser que la pilule du matraquage fiscal qu’ils ont concoctée passera comme une lettre à la Poste. Les citoyens ne bougent pas parce que tout cela leur semble loin pour le moment. Parce que beaucoup se disent qu’après tout ça reste un projet de loi de finances, que des inflexions seront faites, que des correctifs seront forcément apportés, ne serait-ce que par la volonté de l’UGTT. Il est certain que quand on rentrera dans le dur, quand le Tunisien lambda verra toutes ses factures gonfler, la musique sociale sera toute autre…
Entre temps il y aura le méga rendez-vous de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Cameroun. “L’opium du peuple” arrive, ça nous fera à tous des vacances, à commencer par Kais Saied et Najla Bouden. Les citoyens, les yeux rivés sur la crinière et les exploits de Hannibal, seront capables de tout pardonner, de tout oublier. Oubliées les demandes incessantes des enfants et les dépenses qui vont avec, oubliées les souffrances infligées par les embouteillages et les routes défoncées, oubliés les pépins au boulot, oubliés Saied et Bouden… On oubliera tout.
Mais la parenthèse enchantée ne durera que 4 semaines. Et après ça le déluge…
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