Economie

Hausse des taux de la FED : Quel impact sur la Tunisie ?

Hausse des taux de la FED : Quel impact sur la Tunisie ?

La Réserve fédérale américaine (FED) confirme encore le resserrement de sa politique monétaire avec comme argument principal, la lutte contre l’inflation. Hier mercredi 21 septembre 2022, elle a décidé de relever de nouveau, pour la troisième fois de suite, son taux directeur 75 points de base tout en prévoyant que des hausses supplémentaires seront nécessaires, selon un communiqué de l’institution.

Les taux sont ainsi compris entre 3 et 3,25% et les responsables de la FED estiment qu’ils feront passer leur taux de référence à 4,4% d’ici la fin de l’année, soit un point de pourcentage de plus par rapport à ce que ce qui était prévu en juin dernier. En 2023, ce taux devrait atteindre 4,6%, soit le niveau le plus élevé depuis 2007.

Une décision lourde de conséquences

La Banque mondiale a révélé récemment que selon une nouvelle étude approfondie qu’elle a élaborée, la hausse générale et simultanée des taux directeurs en réponse à l’inflation accentue le spectre d’une récession mondiale en 2023 et menace les économies de marché émergentes et en développement de crises financières qui engendreraient des dommages durables.

D’après l’institution financière internationale, les banques centrales du monde entier ont augmenté les taux d’intérêt cette année avec un degré de synchronisation jamais observé au cours des cinq dernières décennies et, selon les conclusions de l’étude, ce mouvement devrait se poursuivre l’an prochain. Pourtant, la trajectoire actuellement attendue des hausses de taux d’intérêt et d’autres décisions politiques pourrait ne pas suffire à ramener l’inflation mondiale aux niveaux antérieurs à la pandémie, précise-t-on.

Sous un autre angle, il semble que des taux d’intérêt plus élevés peuvent avoir un impact négatif sur les marchés financiers internationaux mais surtout sur la dette des pays pauvres et émergents.

Pour les économies émergentes et en développement, qui contractent des prêts en dollars américains, le risque est de crouler sous le coût des dettes. D’ailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale n’ont cessé d’alerter sur les risques pour ces économies d’un accroissement rapide des taux d’intérêt de la Fed. 

Déjà très endettés avant la pandémie, ils ont en effet accumulé encore plus de dettes pendant la crise sanitaire au point que 60% des pays à faibles revenus sont déjà surendettés ou pas loin de l’être.

L’impact est aussi lourd sur les flux des capitaux du fait que lorsque les taux d’intérêt augmentent aux États-Unis ou dans d’autres économies avancées, les investisseurs tendent vers des placements plus rémunérant et moins risqués dans les actifs financiers souvent des fonds et de couverture. 

Répercussions sur la Tunisie

La montée des taux de la FED impliquera systématiquement une appréciation du dollar, et pour cause le billet vert est monté hier à son plus haut niveau face à l’euro depuis près de vingt ans après l’annonce de la hausse de taux de Fed. Un euro vaut 0,9814 dollar, pour la première fois depuis fin octobre 2002. Le dollar est en hausse par rapport au dinar de 15,16% avec un cours de 3,24 dinars.  

La montée rapide et importante du dollar causera la hausse du service de la dette extérieure et des intérêts courus dont l’encours est de 66,0 milliards de dinars libellée à hauteur de 28% en taux variable.

Les dettes contractées en dollar qui représentent 25% de l’encours de la dette extérieure subiront un accroissement sensible par l’effet du taux au moment où les autorités s’apprêtent à conclure un accord de financement avec le Fonds monétaire international d’un montant de 4 milliards de dollars qui permettrait au pays de mobiliser pas moins de 12 milliards de dinars pour financer le budget pour les mois qui restent de l’année en cours.

Une augmentation des taux de change du dollar par rapport au dinar est susceptible d’entraîner une hausse du volume de la dette publique et aggraver le déficit de la balance commerciale qui a atteint un niveau record de 16,9 milliards de dinars à la fin du mois d’août dernier.

Également, une partie importante des importations de la Tunisie se fait en dollar, notamment l’énergie et les produits de base, ce qui augmentera le déficit de la balance commerciale malgré l’amélioration des revenus de l’exportation des phosphates, des produits manufacturés et des revenus du secteur touristique.

Selon les prévisions des officiels, la situation du secteur extérieur en Tunisie et ses perspectives sont préoccupantes et pour cause, Marouane Abassi, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a déclaré que le déficit extérieur devrait s’aggraver pour avoisiner 10% du PIB en 2022, contre 6,8% prévu initialement et 6,1% en 2021. Les pronostics du responsable sont corroborés par les récentes évolutions.

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