C’est avec douleur et indignation que la Tunisie s’apprête à accueillir ce mercredi 11 juin la dépouille de Hichem Miraoui, victime d’un crime raciste en France, abattu froidement le 31 mai à Puget-sur-Argens, dans le sud du pays. Originaire de Kairouan, Hichem, 42 ans, sera inhumé dans sa ville natale, dans un climat de deuil national silencieux mais chargé d’émotion.
Sa sœur, Hanen Miraoui, a confirmé à l’AFP que l’enterrement aura lieu à Kairouan, à quelque 150 kilomètres au sud de Tunis. La famille doit arriver dans la matinée à l’aéroport de Tunis-Carthage, où des membres de la société civile tunisienne ont lancé un appel à un accueil digne et solidaire. Un appel du cœur pour tous ceux qui se sentent concernés par le sort de nos compatriotes vivant à l’étranger, trop souvent confrontés à la stigmatisation, à l’indifférence ou à la haine.
« C’est un appel à se tenir aux côtés de la famille du défunt, et aux côtés de tous les Tunisiens et Tunisiennes à l’étranger qui souffrent de racisme et de discrimination », lit-on dans un communiqué signé par plusieurs organisations citoyennes.
Un crime raciste reconnu, une société en question
Le 31 mai, Christophe B., un Français d’une cinquantaine d’années, a tiré mortellement sur Hichem Miraoui, puis blessé un autre voisin de nationalité turque. Avant et après son passage à l’acte, il avait diffusé sur les réseaux sociaux des messages explicitement racistes, laissant peu de doute sur la nature du crime.
Incarcéré depuis, l’agresseur a reconnu les faits, tout en contestant leur caractère raciste. Il a néanmoins été inculpé pour assassinat terroriste en raison de l’origine, un chef d’accusation grave, mais encore trop rare dans les affaires de violences racistes en France.
Ce drame s’inscrit dans un climat d’inquiétude grandissante pour les minorités visibles et les citoyens issus de l’immigration dans l’Hexagone.
Une blessure pour toute une nation
Le décès de Hichem Miraoui ravive les blessures de nombreux Tunisiens ayant un proche ou un enfant à l’étranger. Il soulève des questions profondes sur la protection réelle offerte à nos citoyens expatriés et sur la montée de la haine raciale en Europe. Pour la Tunisie, c’est un fils perdu, arraché brutalement à la vie, dans un pays qui se veut démocratique mais où le racisme tue encore.
Son retour est un retour douloureux, mais il est aussi un moment d’union pour une Tunisie qui refuse de rester silencieuse. Il ne s’agit pas seulement d’enterrer un homme, mais de rendre hommage à tous ceux qui, à l’étranger, vivent dans l’ombre de l’exclusion et de la violence.
Hichem Miraoui rentre chez lui, porté par le chagrin de tout un peuple. Que justice lui soit rendue, et que son nom reste gravé comme symbole d’une mémoire qu’aucune frontière ne pourra effacer.
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