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Hollande donne des leçons sur la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, ça va énerver Macron

Hollande donne des leçons sur la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, ça va énerver Macron

C’est un François Hollande très inspiré qui a saisi sa plume pour un vibrant plaidoyer en faveur d’un partenariat plus solide entre la France et l’Afrique du Nord. Dans une tribune publiée hier dimanche 7 août, il a invité les dirigeants français – comprenez essentiellement Emmanuel Macron – à une «relance du partenariat avec le Maghreb». L’ex-président appelle de ses voeux un «renforcement» de la coopération entre la France et le Maghreb, dans tous les secteurs, pour «faire face» aux défis du futur…

D’après lui la France a une relation «exceptionnelle» avec les trois pays d’Afrique du Nord – l’Algérie, le Maroc et la Tunisie –, un lien qui «mêle l’histoire, dont il nous appartient d’en faire un sujet de vérité assumée et non de perpétuel affrontement[1], la géographie, car la Méditerranée nous unit y compris dans ses drames, et les échanges multiples nés des courants migratoires qui ont façonné notre propre pays et qui lient nos sociétés bien au-delà de la langue», a écrit Hollande dans Le Figaro.

Si le mentor de Macron éprouve le besoin de faire cette sortie c’est bien parce qu’il a senti que les choses se sont quelque peu distendues entre Paris et les chancelleries nord-africaines, au point, par exemple, que l’Italie a pris à la France la place historique de premier partenaire commercial de la Tunisie. Cela en dit long sur les priorités du moment au sommet de l’Etat français. Macron, qu’on a vu dernièrement en tournée en Afrique subsaharienne, n’a pas dévoilé son plan pour l’Afrique du Nord, s’il en a un ; peut-être que la sortie de Hollande fera bouger les lignes…

«Au moment où les bouleversements internationaux et notamment la guerre en Ukraine se répercutent implacablement sur l’économie mondiale, provoquant une hausse générale des prix qui pèsent sur le niveau de vie des populations des deux côtés de la Méditerranée, nous avons plus que jamais besoin d’approfondir cette relation et de lui redonner tout son sens, celui de la solidarité et de l’action», plaide Hollande.

Il a mis en relief «le sort commun» de la France avec l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, qui se manifeste «sur les questions énergétiques avec le rôle majeur de l’Algérie, qui garantit par sa sagesse le bon approvisionnement du marché»…

Ce destin commun se voit aussi à travers «les questions de sécurité et de lutte contre les trafics de toutes sortes . Il l’est encore davantage sur le développement économique qui est la condition indispensable pour que la jeunesse du Maghreb garde l’espoir dans son destin sans aller chercher une fuite illusoire dans la migration. Il l’est sur la lutte contre le réchauffement climatique et donc la désertification qui gagne chaque jour du terrain», dit l’ex-président français.

Il a magnifié les initiatives du Maroc pour la «stabilité de l’Afrique de l’Ouest, […] ceux de l’Algérie dans la “crise au Mali” et […] l’engagement de la Tunisie aux côtés des “exilés libyens”» ; il est d’avis que «l’Afrique tout entière a besoin d’un Maghreb prospère et fort pour accompagner les mutations que la succession des crises sanitaire, sécuritaire et écologique exige, sans oublier celle qui frappe en silence de nombreuses familles du continent confrontées à l’insuffisance alimentaire».

«La France et l’Europe doivent comprendre que c’est maintenant que se joue une politique méditerranéenne faite d’investissements mutuellement avantageux, d’innovations écologiques, de partenariats multiples en matière de santé, de formation et de recherche, et enfin de solidarité politique dans le respect des orientations de chacun», déclare par ailleurs le mentor le Macron…

Il n’élude pas les «divergences de vues ou des différences d’appréciation avec les États du Maghreb», mais il souligne que la France «doit montrer sa disponibilité». Selon lui la décision de réduire les visas accordés à ces trois pays d’Afrique du Nord, prise l’an dernier par Paris, ne va absolument pas dans le bon sens…

«Dans ce contexte, je regrette d’autant plus la décision des autorités françaises de réduire drastiquement le nombre de visas qui étaient jusque-là accordés à des personnes si liées à notre culture et à notre pays. Cette méthode blesse inutilement sans être efficace dans le contrôle de l’immigration clandestine», assène Hollande.

«Aussi le moment est-il venu, face aux bouleversements qui secouent le monde, de relancer notre partenariat avec l’ensemble du Maghreb, de mettre sur la table tous les sujets qui pourraient nous éloigner et de consolider ce qui nous rassemble pour nous faire franchir une nouvelle étape. Rapidement», conclut l’ex-président français…

L’histoire ne nous dit pas s’il a fait cette sortie pour donner rendez-vous dans la perspective des prochaines échéances électorales – vu que Macron effectue son dernier mandat et qu’il y a une place à prendre à gauche du fait de l’âge de Jean-Luc Mélenchon – ou si c’est juste pour indiquer la voie de la sagesse à un Macron qui en aura bien besoin dans les mois et années à venir…

Toujours est-il que cette leçon publique de haut vol est certes salutaire mais à n’en pas douter elle énervera un peu Macron, qui tient à démontrer qu’il a la parfaite maîtrise de ses dossiers et qu’il n’a pas besoin des lumières de qui que ce soit, même venant de celui qui l’a “fait” politiquement…

 

 

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