Economie

Il a osé envoyer balader le FMI, il a osé… et la suite?

Il a osé envoyer balader le FMI, il a osé… et la suite?

On se sait pas comment c’est arrivé, la Tunisie se retrouve sans Loi de finances 2023, à une semaine de l’échéance, alors qu’on en tenait une le 20 décembre. Enfin, on sait comment c’est arrivé : le chef de l’Etat, Kais Saied, qui pourtant savait tout ce qui se tramait depuis des semaines et des mois (sinon il va falloir qu’il nous explique comment il a pu rater tout ça), a attendu la visite de Najla Bouden hier dans la soirée pour lui signifier que son texte n’est pas à son goût – ou plutôt au goût de l’UGTT ?. Voilà comment un document autour du duquel ont gravité une armada d’experts, payés par les contribuables, se retrouve à la poubelle, ou presque. Reste à gérer les déflagrations de cette affaire, très dommageable pour le pays.

Pas plus tard que le 19 décembre la France, soutien clé dans les négociations avec le FMI, pressait Tunis de reprendre les canaux de la discussion avec le principal bailleur. Il faut imaginer la tête du partenaire français en apprenant que le président tunisien a osé envoyer balader l’institution internationale après des mois d’harassants pourparlers. Bon, vous me direz que l’oeil désapprobateur de l’étranger est le cadet des soucis du palais de Carthage. Sauf que la Tunisie n’a pas les moyens de cette politique de dédain, autrement elle ne taperait pas à la porte du FMI, de l’Arabie saoudite, de la Chine, etc.

De deux choses l’une : Soit Saied a quelque solide gage par ailleurs – pour le moment on évitera les conjectures sur la Chine – qui lui permet d’envoyer paître son principal financier ; soit le président la joue “kamikaze” en se disant qu’in fine le FMI ne laissera pas s’écrouler la maison Tunisie et décaissera. Ce qui permettrait au chef de l’Etat, entre autres, de tenir la parole qu’il a donnée à l’UGTT et de stopper les bruits de botte qui fusent

Reste que titiller le FMI, surtout quand on connait la fronde anti-Saied qui gronde à Washington, est une voie très risquée. Des pays africains se sont retrouvés sans le sou durant des mois sans que personne ne lève le petit doigt. Alors attention. Tout cela ne fait pas sérieux. On ne joue pas de la sorte avec le devenir, l’avenir de tout un pays. La seule partie qui trouve son compte dans cette inquiétante agitation c’est l’UGTT, mais est-ce que tout ce que fait et dit l’UGTT va dans le sens des intérêts supérieurs du pays ? Il est permis d’en douter…

Très objectivement, privatiser les canards boiteux du secteur public ne leur ferait pas de mal, bien au contraire, et que dire des retombées pour les caisses publiques et l’économie du pays. Sur ce coup Saied, sans doute pour la paix sociale, est tenté de suivre les desideratas de la déraison posés sur la table par l’UGTT. Pourtant le Programme National des Réformes ne mentionne aucune cession d’entreprise publique, mais si le président de la République a demandé à Bouden d’expurger la Loi de finances c’est bien parce que l’information lâchée par le FMI est beaucoup plus qu’une simple rumeur…

Tout cela pour dire que le flou artistique est en train de s’ériger en dogme gouvernemental. Sous d’autres cieux pour beaucoup moins que ça le chef du gouvernement choisit sa liberté et part, pas en Tunisie. Depuis que le texte de Bouden a été retoqué, dans une ambiance tragi-comique qui ne fait rire personne, aucun commentaire officiel, comme s’il s’agissait d’une affaire très banale. Il faut presque se pincer pour le croire !

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