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Il faut faire taire le ministre de l’Education, ce qu’il vient de dire est très grave!

Il faut faire taire le ministre de l’Education, ce qu’il vient de dire est très grave!

Le ministre de l’Education, Fethi Sellaouti, est très loquace, à l’instar d’un des prédécesseurs, Neji Jalloul. Mais ce dernier au moins maîtrisait tous ses dossiers et ne ratait presque jamais sa cible. Le problème quand on parle beaucoup c’est qu’il arrive, par mégarde, qu’on glisse des contre-vérités. Cela peut ne pas porter à conséquences pour un citoyen lambda mais quand on est ministre les effets sont terribles. Le plus grave c’est le discrédit et l’opprobre que ça jette sur la parole publique, dans une contexte de démonétisation des responsables qui nous dirigent.

Le ministre avait ébruité l’affaire de ce médecin qui aurait greffé des écouteurs à un élève pour l’aider à sauter sans encombre l’obstacle du baccalauréat. Manifestement Fethi Sellaouti n’avait pas bien étudié son dossier puisque face au tolet, surtout la bronca des médecins, le ministre rétropédale et se confond benoîtement et publiquement en excuses. “Faute avouée à moitie pardonnée”, dit-on. Mais pour un homme de son rang et avec les moyens humains à sa disposition, dans son cabinet et son département, le tarif ne peut pas être le même. Quand 95% du budget de l’Education – la plus grosse enveloppe ministérielle – sont affectés aux salaires et primes, Fethi Sellaouti  peut bien dégoter dans son département quelqu’un qui lui donne la bonne information !

Mais le ministre est passé à autre chose depuis, montée exponentielle des tentatives de fraudes au baccalauréat oblige. À en croire Fethi Sellaouti (après l’affaire de la greffe d’oreillettes on est contraint de prendre des pincettes avec ce qu’il déclare), «il y a des gangs qui opèrent en Tunisie et à l’étranger pour acheminer ces oreillettes qui aident à tricher». Le ministre a lâché ça ce mercredi 15 juin sur une radio privée. Il faut juste souhaiter qu’il ne reviendra pas ce soir ou demain pour nous dire qu’il s’est gouré et que l’erreur est humaine après tout. Mais pour l’instant on s’en tient en à ce qu’il dit…

Il a ajouté que les fameux kits de triche transitent illégalement par un pays voisin – lequel ? La Libye, le Maroc, l’Algérie ? – pour atterrir vers la Tunisie. Fethi Sellaouti  a indiqué que son département dispose de ses propres cellules de lutte contre la fraude. «Nous tentons toujours d’infiltrer ces réseaux. Nous savons depuis des mois qu’il y a une grosse opération concoctée par ces réseaux… Nous avons saisi des lunettes, des pins, des stylos et des montres équipées de caméras pour communiquer les sujets des examens à l’extérieur de salle» a déballé le ministre…

Bon, je vous laisse commenter cette affaire rocambolesque et ces révélations dignes d’un film science fiction. Ma question est celle que se poseront certainement nos lecteurs : Si Fethi Sellaouti  dispose d’une telle armada pour croiser le fer contre les fraudeurs pourquoi il y en a plus qu’avant ( plus de 1000 cas de fraude rien que pour les cinq premiers jours du bac, le double des cas recensés dans la même période l’an dernier selon le ministre) ?

Autre énigme : Si les services de Sellaouti  savaient tout ça depuis des mois pourquoi on en parle encore ? Pourquoi ils n’ont pas fait ce qu’il fallait pour tuer dans l’oeuf un projet funeste pour la réputation et l’honneur de la Tunisie, surtout ceux qui la dirigent ?

De deux choses l’une : Soit le ministre exagère largement  – comme avec cette histoire de greffe d’oreillettes qui le suivra longtemps – pour magnifier des prétendus efforts afin de sécuriser l’examen national le plus populaire ; soit ce qu’il dit est vrai et dans ce cas l’incompétence notable de ses équipes appelle des mesures fortes et immédiates…

Vu d’ici ce qu’on note c’est une communication qui n’est absolument pas maîtrisée, qui en dit trop ou pas assez et dont le seul résultat est d’agiter inutilement l’opinion publique et d’effrayer les candidats au bac qui filent droit. En effet tous ces bruits ne font que déprécier et dévaloriser un peu plus, en Tunisie mais surtout à l’étranger, un diplôme dont la cote baisse inexorablement tant le niveau des élèves des élèves et de ceux qui les forment – il ne faut pas les oublier ceux-là – décroit…

Monsieur le Ministre, ce serait bien la prochaine fois que vous veniez avec des solutions pratiques, des résultats tangibles et surtout des réponses concrètes pour stopper la descente aux enfers de l’école publique. Ce serait beaucoup mieux que ces sempiternelles complaintes qui ne font pas avancer d’un iota les dossiers et ne font qu’accentuer une psychose qui consume à petit feu le peu de foi en la force publique…

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