A la une

Il ne reste que Ghannouchi : les Frères musulmans s’entre-déchirent, Erdogan fuit, l’émir du Qatar déserte

Il ne reste que Ghannouchi : les Frères musulmans s’entre-déchirent, Erdogan fuit, l’émir du Qatar déserte

Les Frères musulmans ont presque touché du doigt leur rêve : S’emparer du pouvoir dans les pays du Maghreb pour commencer, ensuite imposer l’islam politique un peu partout dans le monde arabe. Ils se sont cassé les dents en Egypte et le processus de liquidation a commencé en Tunisie, alors que leurs petites affaires avaient plutôt bien démarré. Les Frères musulmans sont redevenus – ou presque – une organisation politique comme toutes les autres, avec les guerres d’égos, les luttes intestines, les combats fratricides pour le pouvoir. Bref, un branding islamique certes mais drôlement politique…

L’apogée des Frères musulmans a sans douté été le règne de l’influent émir du Qatar Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, de 1995 à 2013. Il a tout fait pour que le nom du “petit” émirat rayonne aux quatre coins du monde. Mais les velléités expansionnistes ont vécu, après une avalanche de pétrodollars sur les porte-drapeaux de l’idéologie de la Confrérie dans le monde (ses “dignes” représentants en Tunisie, avec à leur tête Rached Ghannouchi, ont eux aussi eu leur part quoiqu’ils disent). Le successeur de Cheikh Hamad, Cheikh Tamim, est beaucoup plus raisonnable et pragmatique que le papa. Il a enterré le projet idéologique pour se focaliser sur le financier et l’économique afin de préparer au mieux l’après-gaz…

Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, l’autre soutien très actif de la Confrérie, est également revenu de ses lubies. Avec une économie frappée par une récession sans précédent et une inflation hallucinante – près de 70% sur un an – , Erdogan a d’autres combats sur la table, et il faudra en gagner quelques uns pour espérer être réélu en juin 2023. Il est déjà en mouvement, avec même des revirements spectaculaires en direction des richissimes ennemis historiques : les Wahhabites du Golfe. Comme quoi tout arrive dans l’étrange mutation géopolitique à laquelle nous assistons…

La preuve que tout arrive : le Guide actuel des Frères musulmans, Ibrahim Mounir, fait face à une rébellion interne qui pourrait le couler à terme. Une hérésie au regard de la doctrine très stricte qui fait autorité depuis 1928 et qui veut que le Guide n’ait en face de lui que des sujets parfaitement loyaux et obéissants. Mais les temps changent.

Stupeur et tremblements le 13 octobre dernier dans cette confrérie très corsetée : Un communiqué balancé sur le site officiel des Frères musulmans par le porte-parole fait savoir que la Choura (conseil consultatif), en conclave à Istanbul, a voté la déchéance d’Ibrahim Mounir…

Mais ce dernier ne se laissa pas faire, il répliqua à travers une vidéo : Son éviction est nulle et non avenue pour la simple et bonne raison que «ceux qui l’ont ordonnée n’ont plus la qualité de membres de la Choura», rapporte Global Watch Analysis. Il est vrai que trois jours auparavant, le 10 octobre, ayant flairé le coup, le Guide avait décrété la suspension «en raison d’irrégularités administratives et financières» de l’ancien Secrétaire général (le second dans la hiérarchie des Frères musulmans), Mahmoud Hussein et cinq de ses partisans, tous membres de la Choura.

Peu après Ibrahim Mounir pond à Londres un autre communiqué, estampillé Choura, pour annuler les décisions d’Istanbul et éjecter le porte-parole qui les avait publiées. Le second communiqué fait bien les choses en martelant l’allégeance de la Choura à Ibrahim Mounir et en invitant «à l’union et à l’arrêt des activités sources de discorde».

Pour bétonner son affaire et ramener le calme dans la maison, le Guide sort un «protocole de dialogue avec les Frères œuvrant pour la discorde». Mais la hache de guerre entre le patron de la Confrérie et l’ancien numéro 2 n’est pas enterrée. En 2013 la Choura comptait 117 membres, 53 sont derrière les barreaux, 37 sont décédés, 3 ont quitté volontairement le navire et un quatrième a été éjecté. Donc à peine 23 membres de la Choura sont actifs, dont 10 sont acquis à la cause de Mahmoud Hussein. Il n’est pas exclu qu’il y ait des rebondissements p

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut