“Le rêve américain” on a dit… Et bien il l’est de moins en moins pour les citoyens américains d’origine étrangère. De plus en plus de jeunes Américains issus de l’immigration ont des rêves d’ailleurs, avec un moral plombé par la conjoncture politique très polarisée, le coût de la vie et un parfum de “catastrophisme” exhalé par la société américaine…
Il n’y a pas que les Français d’origine étrangère, surtout maghrébine, qui font le saut de l’émigration vers la terre des ancêtres, les Américains aussi, pour des raisons un peu différentes mais qui sont sous-tendues par un profond mal-être, un malaise croissant. La chaîne d’information américaine NBC est allée à la rencontre de ces jeunes nés aux USA de parents étrangers, qui y ont grandi mais veulent désormais prendre le large.
Le site de la chaîne américaine précise que “la décision n’est pas facile et s’accompagne souvent d’une combinaison d’épuisement, d’isolement, de courage et d’une bonne dose de culpabilité de quitter l’endroit où leurs parents ont travaillé si dur pour s’établir”. Le facteur le plus puissant est qu’ils ne perçoivent plus les États-Unis comme “une terre de promesse”, “la montée en flèche du coût de la vie et des soins de santé, ainsi que le poids des dettes étudiantes et un système politique chaotique” malmènent la jeunesse…
Alors l’avenir s’entrevoit sous des cieux plus cléments. Les trucs et astuces sur l’expatriation et les demandes de double nationalité explosent sur TikTok et les autres réseaux sociaux. Le site de la NBC a approché trois de ces jeunes candidats à l’émigration : Salah, qui a passé son enfance en Jordanie avant de rentrer aux États-Unis, où elle a vu le jour ; Michael, né aux USA de parents originaires d’Antigua-et-Barbuda et Maz, appartenant à une famille vietnamienne et indonésienne.
Salah a décroché en 2022 son diplôme dans une université américaine. Mais elle a été frappée par le lupus, une maladie auto-immune et a essuyé 500 échecs sur autant d’annonces d’emploi. “Elle a compris que la qualité de vie qu’elle souhaitait ne lui serait pas accessible en Amérique”. Alors elle a filé en Turquie et projette de s’installer au Qatar, elle croit que la vie y sera plus douce en dépit du régime politique. “C’est plus propre, c’est plus sûr. Il y a plus d’opportunités”, avance-t-elle.
Michael lui a préféré l’armée après le lycée faute d’assise financière pour achever ses études. Lors d’une mission en Arabie saoudite en 2021 le diagnostic tombe : il a une leucémie. “Compte tenu du stress lié à son traitement médical, de ses difficultés à trouver un emploi en dehors de l’armée et de son incapacité à atteindre le style de vie qu’il souhaite, Christian a déclaré qu’il prévoyait de déménager en Autriche d’ici à la fin de l’année, puis, à terme, en Espagne”, rapporte NBC…
L’attentat raté contre Donald Trump et plus généralement la violence qui sévit dans la société américaine l’ont définitivement convaincu qu’il faille envisager son futur ailleurs.
Maz elle a choisi l’Indonésie comme terre d’accueil, un projet facilité par une bourse Fulbright ; elle est alléchée par l’idée de renouer avec ses racines. “Salah, Christian et Maz conviennent tous que le climat politique troublé [qui règne aux États-Unis] leur a donné un nouvel élan”, indique le site, repris par “Courrier international”.
Jeanne Batalova, analyste politique au Migration Policy Institute de Washington, est d’avis que les enfants d’immigrés se débrouillent plutôt bien sur les plans financier et éducatif, même si les plus démunis ou ceux dont les parents sont des illégaux souffrent plus que les autres. Présentement 3 millions d’Américains résident à l’étranger, “soit 1,27 million de personnes de plus que dans les années 1990, selon une estimation des Nations unies”, souligne la chaîne américaine…
En avril 2024 une autre étude avait pointé l’exode des Américains, pour moult raisons. Mais les deux challengers à l’élection présidentielle de novembre prochain, le républicain Trump et la démocrate Kamal Harris, n’évoquent pas ce fléau et les moyens de le stopper. Aucun des deux camps n’a envie de montrer un autre visage que cette Amérique surpuissante et conquérante, qui écrase tout et fait rêver le monde entier. En dépit de l’exode conséquent qu’il subit le pays de l’Oncle Sam continue d’être une terre d’immigration. “Dans le monde, près de 20 % des immigrés se trouvent aux États-Unis”, déclare Mme Batalova.
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