Au Canada, le Centre for Newcomers à Calgary, une organisation dédiée à l’accueil des immigrants, alerte sur une montée inquiétante des discours haineux à l’encontre des nouveaux arrivants, exacerbée par un contexte politique tendu au Canada et aux États-Unis.
Cette situation, qui se manifeste autant en ligne qu’en personne, soulève des préoccupations quant à la sécurité et à l’intégration des immigrants.
Une vague de haine en ligne et dans la réalité
Selon cbc.ca, en décembre dernier, un post Facebook du centre, visant à promouvoir un programme pour les femmes immigrantes vulnérables, a généré plus de 200 commentaires haineux. Kelly Ernst, directeur des programmes au centre, affirme que de tels incidents sont en nette augmentation :
« Cela empire de mois en mois. »
La haine ne se limite pas au numérique. Ernst rapporte que certains visiteurs viennent au centre exprimer leur hostilité de manière agressive, suscitant des inquiétudes pour la sécurité du personnel et des bénéficiaires.
En réponse, un programme de sécurité bénévole a été lancé pour prévenir tout incident et impliquer rapidement la police si nécessaire.
Une tendance nationale inquiétante
Un sondage réalisé pour CBC News révèle que 54 % des nouveaux arrivants au Canada ont ressenti une forme de discrimination en raison de leur origine ethnoculturelle ou religieuse.
Mené auprès de 1 507 immigrants récents, ce sondage met en lumière les défis que rencontrent les communautés immigrantes pour s’intégrer.
Le rôle des responsables politiques
La rhétorique anti-immigration, amplifiée par des politiciens, contribue à alimenter cette hostilité, selon Lori Williams, politologue à Mount Royal University :
« Les problèmes économiques sont souvent imputés à tort aux immigrants. C’est une politique du grief et de la colère. »
Williams appelle les dirigeants à corriger les idées fausses et à expliquer que les crises du logement et de l’emploi résultent de problèmes structurels et non de l’arrivée d’immigrants.
Les effets sur la vie des immigrants
Pour Hussein Mohamed, arrivé du Kenya il y a deux ans, ce climat de suspicion complique l’intégration :
« On se sent indésirable, comme si notre contribution à l’économie n’était pas la bienvenue. »
Mohamed souligne que ce discours toxique affecte aussi les perspectives des immigrants à l’étranger, ses amis à Nairobi s’inquiétant pour sa sécurité au Canada.
Un appel à une approche plus humaine
Selon Ernst, la haine dirigée contre les immigrants n’est pas réellement liée à ces derniers :
« Tant que les décideurs ne s’attaquent pas aux vrais problèmes comme l’accessibilité au logement ou l’inflation, les gens continueront à chercher des boucs émissaires, souvent parmi les minorités. »
Mohamed partage cet avis et conclut :
« Critiquer les politiques migratoires est légitime, mais cela ne doit pas se transformer en attaques contre les personnes. »
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