Economie

Inédit : 3376 millions de dinars de crédits extérieurs dépensés en quatre mois !

Inédit : 3376 millions de dinars de crédits extérieurs dépensés en quatre mois !

Le bulletin de suivi du budget de l’Etat à fin avril dernier paru en début de semaine révèle que les emprunts intérieurs contractés en l’occurrence auprès des banques et des établissements financiers se sont situés à 1273,3 millions de dinars (MD) au cours des quatre premiers mois de cette année contre 2304,2 MD durant la même période de l’année précédente soit une régression de 1030,9 MD ou 44,7%.

La régression a été particulièrement constatée au niveau des Bons de Trésor assimilables (des bons de maturité longue) et qui est estimée à 1485,7 MD et ce, en raison de leur faible rendement dans un contexte marqué par la montée du taux directeur, d’une part et pour des considérations liées à la gestion des liquidités par les banques de plus en plus exposées aux risques des crédits accordés à l’Etat, d’autre part.

Cette régression a été relativement compensée par la mobilisation de 554,9 MD au titre de la première tranche de l’Emprunt National (EN).

Sous ce même angle, les emprunts extérieurs se sont élevés fin avril 2022 à 3676,6 MD en accroissement de 1691,9 MD ou 85,2% par rapport au même mois de l’année écoulée.

Néanmoins, 90,2% desdits emprunts soit l’équivalent de 3676,6 MD sont sans objet et ont servi juste pour combler le déficit budgétaire creusé essentiellement par l’accroissement des dépenses de subvention des carburants et autres produits de base et les transferts monétaires qui ont atteint 2637,9 MD. Il s’agit, à cet effet, d’une première, vu l’ampleur de cet endettement sans objet enregistré en une très courte période ne dépassant pas 4 mois.

La spirale de la dette odieuse et sans objet contractée par la Tunisie inquiète, à plus d’un titre, notamment depuis 2011 du fait que le pays est confronté à des besoins de plus en plus brûlants de nouveaux flux de devises pour compenser la chute des investissements directs étrangers et les exportations et payer le service d’une dette montant en flèche.

Le pays a été quasiment en permanence « sous-programme » du FMI : 2013 Stand-by Arrangement, 2016 Extended Fund Facility et en 2019 le Rapid Financing Instrument. Le quatrième programme est en cours de négociation. Le gouvernement Bouden espère obtenir 4 milliards de dollars de crédit, un record.

Le Fonds est considéré comme incontournable pour les gouvernements tunisiens. La raison est simple puisque le fait d’être sous un programme du FMI est une garantie supplémentaire pour les autres créanciers que les autorités donnent la priorité au service de la dette, une spirale sans fin.

Notons que le groupe financier américain spécialisé dans l’information économique et financière, Bloomberg, a annoncé dernièrement que les responsables de la Banque centrale de Tunisie (BCT) assurent que tout accord de sauvetage économique du pays qui serait conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) n’inclura pas la restructuration de la dette extérieure, et ce, selon des sources bien informées.

La Banque centrale a précisé sa position lors d’une visioconférence avec des investisseurs organisé par la Bank of America Corp., a déclaré Brad Wickens, associé fondateur d’un fonds spéculatif basé à Londres « Broad Reach Investment Management », qui a été invité à participer, du fait que le fonds dispose de titres de la dette tunisienne, mais Wickens a refusé de donner des détails sur sa position.

« La Banque centrale a été très claire lors de la visioconférence avec un grand nombre d’investisseurs que tout programme de financement n’inclurait pas de restructuration de la dette », a-t-il déclaré. « Une restructuration de la dette pour un petit montant d’euro-obligations n’améliorerait pas du tout la situation ». Un porte-parole de Bank of America a refusé de commenter.

La dette de la Tunisie a chuté, la prime de risque ayant atteint un record de 2000 points de base le 29 mars dernier, alors que la guerre en Ukraine provoque de nouvelles tensions sur les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, alors que le gouvernement a déclaré qu’il essaye de trouver un accord avec le FMI en avril. 

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