Economie

Inédit : Les crédits extérieurs, sans objet, dépassent 5660 millions de dinars en 2021…

Partager

Le ministère des finances vient de publier récemment la brochure de la dette de l’Etat à fin décembre 2021 qui indique que les ressources des emprunts au titre de l’année écoulée sont estimées à 14128,1 millions de dinars (MD). Les emprunts extérieurs se sont élevés à 7359,7 MD composés de prêts affectés aux projets de l’Etat et aux prêts rétrocédés à hauteur de 1690 MD et de crédits d’appui au budget de l’Etat, c’est-à-dire sans objet, pour 5669,7 MD. Un record jamais atteint.

Les crédits d’appui budgétaire se répartissent entre les tirages pour 5414,8 MD et les comptes du gouvernement en devises liés et ce, à hauteur de 255,0 MD.

Les prêts intérieurs en devises se sont élevés au terme de 2021 à 1269,8 MD et représentent aussi des crédits sans objet puisqu’ils sont obtenus auprès des banques rien que pour combler, d’une manière injustifiée, le déficit du budget de l’Etat.

Le fardeau de l’endettement a eu de graves conséquences sur l’accroissement du service de la dette qui a progressé à la fin de l’année dernière à 14791,5 MD pour un encours global de dette 103679,4 MD. La charge du remboursement de la dette publique a grimpé de ce fait à un niveau inédit avec un taux de 14,3% la rendant une dette insoutenable et sans perspectives claire en termes de possibilité de remboursement de ses annuités aussi bien à court qu’à moyen terme.

Toutefois, le gouvernement actuel a continué en 2022 a contracté des dettes sans objet puisqu’il a obtenu le 13 courant un prêt de 700 millions de dollars (2,1 milliards de dinars) de la Banque africaine pour le développement des exportations payable sur 7 ans avec un taux d’intérêt annuel de 5,8%. Les autorités n’ont pas communiqué sur la finalité de l’obtention de ce prêt qui ne peut être affecté, à ce titre, qu’au règlement des factures des importations de l’énergie et des produis alimentaires de base.

Rappelons que le Président de la république Kais Saied, a demandé, à maintes reprises, de mettre en place une commission pour auditer les crédits utilisés hors fins de développement. La commission en question n’a jamais vu le jour et le gouvernement actuel poursuit à un rythme frénétique à l’instar des gouvernements précédents l’obtention de crédits sans objet et dont la valeur était de 1194,4 MD rien qu’au cours du mois de janvier dernier, d’après les chiffres du ministère des finances.

La spirale de la dette odieuse et sans objet contractée par la Tunisie inquiète, à plus d’un titre, notamment depuis 2011 du fait que le pays est confrontée à des besoins de plus en plus brûlants de nouveaux flux de devises pour compenser la chute des investissements directs étrangers et les exportations et payer le service d’une dette montant en flèche.

La voie la plus facile, mais la plus contraignante pour les gouvernements tunisiens est constamment l’endettement massif. Ainsi, le pays ne s’est jamais arrêté à faire appel aux créancières officiels et privés pour combler son déficit en devises stockés dans des réserves artificiels et faites juste pour soutenir un dinar dont le cours de change est en perdition et pater des dettes cumulées sans cesse.

Le pays a été quasiment en permanence « sous-programme» du FMI : 2013 Stand-by Arrangement, 2016 Extended Fund Facility et en 2019 le Rapid Financing Instrument. Le quatrième programme est en cours de négociation. Le gouvernement Bouden espère obtenir 4 milliards de dollars de crédit, un record.

Le Fonds est considéré comme incontournable pour les gouvernements tunisiens. La raison est simple puisque le fait d’être sous un programme du FMI est une garantie supplémentaire pour les autres créanciers que les autorités donnent la priorité au service de la dette, une spirale sans fin.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI