Economie

Informel urbain : 48% des habitants de Tunis se concentrent dans les berges de Sebkha

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Tunis, à l’instar de beaucoup de grandes villes du pays, souffre depuis quelques décennies d’une mécanique infernale d’urbanisation illégale. L’urbain produit dans ces espaces pose de nouveaux défis au niveau de la marginalisation et des inégalités, selon le dernier cahier de recherches du Forum Tunisien des Etudes Economique et Sociales (FTDES).

Le cahier intitulé « Marginalité sociale, marginalité spatiale : Entre intégration, régulation et mise à l’écart » s’est intéressé au cas de l’informel urbain des berges de la Sebkha Sijoumi qui constitue un facteur d’exclusion économique de ses habitants.

Les berges de Sebkha couvrent près de 2600 ha et concentrent diverses formes d’urbanisme non réglementé ce qui a généré un paysage urbain hétéroclite et souvent anarchique et vulnérable. Selon le dernier recensement de 2014, environ 48% des habitants de Tunis vivent autour de la lagune, et les quartiers environnants sont particulièrement denses avec à peu près 2800 personnes au kilomètre carré.

Avec l’avènement de la révolution, la montée des contestations sociales et l’absence totale du contrôle des services municipaux, l’habitat informel et les constructions anarchiques ont proliféré autour de la Sebkha à l’égard de plusieurs espaces dans la capitale, note le FTDES.

Une étude du ministère de l’équipement indique que la part du logement informel dans la production du logement est passée de 28% entre 2004 et 2010, à 46% entre 2011 et 2013. Selon le dernier recensement de 2014, 48% des habitants de Tunis vivent autour de la lagune. Les quartiers environnants sont particulièrement denses, avec à peu près de 2800 personnes au kilomètre carré.

Selon le cahier du forum, plus de 80% des constructions qui bordent la lagune ont été érigés sans autorisation. Aujourd’hui, ces quartiers souffrent dans un désordre urbain et une mécanique infernale d’habitat informel. Les habitants trouvaient des difficultés pour accéder à la vie urbaine.

Ainsi, la marginalisation spatiale des quartiers d’habitat spontané autour des rives de Sebkha, comme en l’occurrence dans beaucoup d’autres quartiers en difficulté en Tunisie, a été souvent renforcée par une marginalisation sociale, précise la recherche. D’ailleurs, et jusqu’à aujourd’hui, certains citadins appréhendent les habitants de ces quartiers comme des intrus à la ville, produisant des discours stigmatisants.

On indique ainsi, les dynamiques migratoires qui sont considérées jusqu’à la fin du dernier siècle comme une forme de promotion sociale pour cette population démunie et marginalisée ont fini par s’amplifier pour devenir insaisissables surtout après l’avènement de la révolution en 2011. Depuis cette date, les populations de Sidi Hcine Sijoumi n’ont jamais cessé de contester leurs conditions de vie souvent à travers des émeutes et des actes de violence, conclut-t-on.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek