Diaspora

Inquiétant : Le Québec suspend l’aide aux élèves immigrants et autochtones

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Une décision qui fragilise l’intégration des élèves

Le gouvernement du Québec a confirmé la suspension du financement des mesures de soutien aux élèves immigrants et autochtones, mettant en pause des programmes essentiels à leur intégration et à leur réussite scolaire. Cette décision, révélée par La Presse canadienne, concerne une quinzaine de mesures, notamment celles favorisant l’inclusion des nouveaux arrivants et le soutien éducatif aux communautés autochtones.

Les Autochtones désignent les premiers peuples habitant un territoire avant l’arrivée de populations colonisatrices. Au Canada, ce terme regroupe les Premières Nations, les Inuits et les Métis, reconnus pour leurs cultures, langues et traditions distinctes.

Dans les faits, cela signifie l’annulation de nombreuses activités pédagogiques, telles que les visites culturelles et les voyages scolaires, qui facilitaient la découverte de la culture québécoise pour les jeunes immigrants. L’Abitibi et la Côte-Nord, où les programmes de soutien aux élèves autochtones étaient essentiels, seront particulièrement affectées.

Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), déplore une décision qui touche directement les élèves :
“On parle toujours de faciliter l’intégration de nos nouveaux élèves. […] Pour nous, c’était une façon de bien les accueillir, de bien les intégrer dans la communauté québécoise.”

Une suspension budgétaire qui interroge

Le ministère de l’Éducation a tenté de rassurer en précisant que toutes les dépenses approuvées avant le 13 décembre 2024 seraient honorées. Ainsi, sur cette période, 19,9 millions de dollars avaient déjà été validés pour la réussite des élèves autochtones, contre 18,9 millions en 2023-2024. Le soutien aux élèves immigrants, lui, avait bénéficié de 2,3 millions de dollars à la même date, contre 2,1 millions l’année précédente.

Cependant, cette mise en pause soulève des interrogations. Corina Borri-Anadon, professeure en sciences de l’éducation à l’UQTR, s’étonne que ces enjeux ne soient pas considérés comme prioritaires :
“Ces élèves-là vont devoir vivre dans un monde où on aura à poursuivre nos efforts de réconciliation avec les Premiers Peuples, à gérer la crise climatique, à trouver une façon de vivre dans une société ensemble. Je ne vois pas comment on peut s’en sortir.”

François Legault dans le déni face aux coupes budgétaires

Le gouvernement Legault, confronté à un déficit record de 11 milliards de dollars, a exigé des coupes de 200 millions dans le secteur de l’éducation. Conséquence directe, certains centres de services scolaires ont déjà commencé à réduire l’aide alimentaire, l’achat de livres et les sorties culturelles.

Malgré ces faits, François Legault continue de nier toute compression budgétaire en éducation. Lors d’une visite dans une école à Prévost, il a affirmé que les budgets avaient augmenté sous son gouvernement et que la gestion revenait aux centres de services scolaires.

Ces déclarations ont immédiatement été contestées par Nicolas Prévost, qui dénonce un double discours :
“D’avoir un discours qui dit qu’il n’y a pas de coupures, c’est difficile à croire quand on a l’exemple concret de l’inverse.”

Un signal inquiétant pour l’avenir de l’éducation

Cette décision marque un recul préoccupant dans la prise en charge des élèves les plus vulnérables du système éducatif québécois. À l’heure où l’inclusion et la réconciliation avec les Premiers Peuples sont des enjeux majeurs, cette suspension budgétaire envoie un signal négatif quant aux priorités gouvernementales.

En refusant d’assumer ces coupes et en minimisant leurs effets, François Legault et son gouvernement tournent le dos aux valeurs d’équité et d’égalité des chances.

Une décision qui risque d’avoir des conséquences lourdes sur l’avenir de ces élèves, et plus largement, sur l’avenir du Québec.

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