L’Iran n’est pas près de changer, président réformateur ou pas. Le système dans son tréfonds ne bougera pas d’un iota parce que ceux qui le tiennent (l’Ayatollah Ali Khamenei et les redoutables Gardiens de la Révolution) ne tiennent leur pouvoir que par la main de fer, par une répression féroce, sanglante et systématique depuis des décennies. Et pour les malheureux contestataires pris entre les filets du régime des Mollahs c’est la condamnation à mort, sans autre forme de procès. Depuis janvier 2024 plus de 400 personnes ont été exécutées, dont 15 femmes, ont déclaré le 2 septembre des experts de l’ONU.
L’annulation de la condamnation à mort du rappeur Toomaj Salehi est un écran de fumée, le décompte macabre s’emballe, surtout le mois dernier. Au moins 81 citoyens ont été exécutés, c’est presque le double des 45 exécutions recensées en juillet 2024, ont précisé ces experts indépendants dans un communiqué, sans indications sur leurs sources. Ce groupe d’experts est composé de 6 rapporteurs spéciaux et de 5 membres du Groupe de travail de l’ONU sur la discrimination frappant les femmes et les filles. A noter que ces experts mandatés par le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU n’agissent pas officiellement pour l’organisation.
Les émissaires du CDH se disent «profondément préoccupés par cette forte augmentation du nombre d’exécutions». En août dernier près de la moitié (41) des exécutions ont trait à des crimes et délits en rapport avec la drogue, précisent les experts. Ces derniers soulignent que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, paraphé par l’Iran, «limite l’application de la peine de mort aux “crimes les plus graves”, c’est-à-dire aux homicides volontaires (…). Les exécutions pour infraction à la législation sur les stupéfiants violent les normes internationales».
L’ONU a multiplié les appels pour que Téhéran décrète un moratoire sur les exécutions, avant l’abolition de la peine de mort. Mais le pays n’en prend pas le chemin, la peine capitale étant l’arme du régime pour figer la population dans la terreur et pour éviter d’être balayé par un soulèvement populaire. Selon les experts le nombre d’exécutions suite à des infractions liées à la drogue a explosé en Iran depuis 2021, avec plus de 400 exécutions en 2023…
Ce n’était pas censé arriver vu que la loi a été révisée pour faire baisser la peine de mort pour ce type d’infractions. Mais voilà, le régime continue de frapper la jeunesse parce qu’elle en a peur, surtout depuis qu’elle a manifesté massivement pour protester contre la disparition tragique de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans interpellée pour non respect du code vestimentaire. En décembre 2022 on a pensé que le régime allait enfin chuter sous les coups de boutoir des manifestants, il s’est maintenu au prix de meurtres de masse, des centaines.
L’Iran est peut-être impuissant face à Israël, qui l’a humilié en liquidant à Téhéran l’invité de l’Ayatollah Ali Khamenei, le leader du Hamas Ismaïl Haniyeh, mais les Mollahs ne sont pas impuissants face à leur jeunesse. C’est sur elle que le régime se défoule, frustré par sa faiblesse face à Tel-Aviv et son soutien américain. L’arrivée de Massoud Pezeshkian à la présidence iranienne changera peut-être à minima – et encore il faut voir – la cosmétique diplomatique, mais pour la jeunesse l’espoir n’est pas permis.
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