La prière de l’Âïd al-Fitr, marquant la fin du mois de Ramadan, trouve son origine dans la tradition prophétique remontant à la deuxième année de l’Hégire (624 après J.-C.), soit l’année où le jeûne du Ramadan a été instauré. Cette prière spéciale a été instituée par le Prophète Muhammad (paix et salut sur lui) à Médine.
Dans les recueils de hadiths authentiques, on rapporte que le Prophète sortait le matin de l’Aïd pour diriger une prière communautaire, accompagnée d’un sermon.
« Le Prophète sortait (le jour de l’Aîd) et demandait à tous de sortir pour assister à la prière et aux invocations » (Rapporté par Al-Bukhari et Muslim).
كَانَ رَسولُ اللهِ صَلّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ يَخْرُجُ يَوْمَ العَيْدِ فَيُصَلِّي الصَّلَاةَ وَيَخْطُبُ بَالنَّاسِ.
Cette prière se distingue par sa forme : deux rak‘âtes (unités de prière), sans appel à la prière (adhan) ni énoncé introductif (iqama), suivies d’un sermon adressé aux fidèles.
Bien que la prière de l’Aïd ne soit pas explicitement mentionnée dans le Coran, certains versets en posent le cadre spirituel. Le verset suivant est souvent cité comme fondement indirect :
« Afin que vous en complétiez le nombre (des jours de jeûne), que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants. » (Sourate Al-Baqara, verset 185)
وَلِتُكْمِلُوا العِدَّةَ وَلِتُكَبِّرُوا اللهَ عَلَى مَا هَدَاكُمْ وَلَعَلَّكُمْ تَشْكُرُونَ
Ce verset justifie la présence d’une manifestation de gratitude collective à l’issue du mois de jeûne.
La prière de l’Aïd al-Fitr constitue un moment de réjouissance, mais aussi de cohésion sociale. Elle est précédée par la Zakât al-Fitr, une aumône purificatrice rendue obligatoire avant la prière, afin de permettre aux plus démunis de participer pleinement à la fête.
Selon le hadith :
« Le Prophète a ordonné que la zakât al-fitr soit versée avant la sortie pour la prière. » (Rapporté par Al-Bukhari)
فَرَضَ رَسولُ اللهِ صَلّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ زَكَاةَ الْفِطْرِ طُهْرَةٌ لِلصَّائِمِ مِنَ اللِغُوْ وَالرَّفَثِ وَ طُعْمَةٌ لِلمِسْكِينِ
Elle renforce l’esprit de solidarité, cohésion de la société et garantit que personne ne soit laissé pour compte le jour de la fête.
De nos jours, la prière de l’Aïd continue d’être largement pratiquée à travers le monde musulman, souvent dans des espaces publics ou des mosquées bondées. Elle incarne la clôture spirituelle du Ramadan et le début d’une nouvelle page emplie d’espérance.
Dans certaines écoles juridiques comme celle de l’imam Abû Hanîfa, elle est considérée comme obligatoire (wâjib), tandis que pour la majorité des savants, elle est fortement recommandée (sunnah mu’akkadah).
Ainsi, la prière de l’Aïd al-Fitr, bien plus qu’une simple formalité rituelle, incarne la gratitude, la fraternité et la fin d’un mois de purification.
En perpétuant cette tradition, les musulmans du monde entier renouent avec un héritage prophétique empreint de spiritualité, de cohésion et de justice sociale.
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