Diaspora

Islamophobie ou maladresse ? Une école française provoque un tollé après une note publique

Une école élémentaire de La Courneuve, en région parisienne, a déclenché une vive controverse après avoir affiché le 6 juin dernier, sur la façade de l’établissement, une note listant les enseignants absents en raison de l’Aïd-el-Kébir, fête religieuse musulmane.

Le document, signé par le directeur, mentionnait explicitement la cause religieuse des absences avec la mention « FÊTE RELIGIEUSE » en lettres capitales rouges.

Une initiative aussitôt dénoncée par des syndicats, des parents d’élèves et des responsables politiques locaux pour sa violation du principe de neutralité imposé à l’Éducation nationale.

Une polémique aux répercussions nationales

Catherine Da Silva, membre du FSU-SNUipp93, a rappelé qu’« on ne communique jamais les raisons d’une absence. C’est une atteinte au principe de neutralité du service public ». Cette publication jugée discriminatoire a également choqué par une autre mention en bas de page : une référence au débarquement du 6 juin 1944, perçue par plusieurs syndicats comme un amalgame maladroit et stigmatisant.

L’intersyndicale de Seine-Saint-Denis a fermement dénoncé cette rhétorique, avertissant qu’elle pourrait nourrir les discours islamophobes. En réaction, le rectorat de Créteil a convoqué le directeur concerné, condamnant un acte « inacceptable », sans pour autant détailler les sanctions éventuelles.

Un droit encadré mais confidentiel

Si le droit à l’absence pour raisons religieuses est bel et bien reconnu dans la fonction publique française, notamment par la circulaire du 10 février 2012, il doit rester strictement confidentiel. Cette note affichée publiquement va donc à l’encontre des règles, en rendant visible et identifiable une conviction religieuse, ce qui est interdit dans le service public.

Le maire de La Courneuve, Gilles Poux, a exprimé son soutien aux enseignants visés, dénonçant une « démarche intentionnelle et discriminatoire ». Les enseignants concernés, désormais soutenus par les services du rectorat, ont préféré rester anonymes, craignant des représailles ou stigmatisations à venir.

Un révélateur de tensions identitaires dans le service public

Au-delà de l’incident, cette affaire met en lumière les tensions persistantes entre la neutralité de l’État français et la reconnaissance des diversités religieuses dans les services publics. Alors que la France réaffirme régulièrement son attachement à la laïcité, cette dernière est parfois mal interprétée voire instrumentalisée.

L’usage de termes visuellement agressifs, comme l’inscription en rouge capitales, additionné à une référence symbolique au 6 juin 1944 – jour du débarquement allié – semble porter une charge politique implicite, comparant en creux une absence religieuse à une forme d’absence de patriotisme.

Stratégiquement, cette affaire souligne un double échec :

  • Un déficit de formation des cadres de l’Éducation nationale sur les modalités pratiques de la laïcité et de la gestion des fêtes religieuses.

  • Un risque croissant de polarisation communautaire, alimenté par des maladresses administratives ou des provocations déguisées en maladresses.

Face à cela, la réponse des institutions doit être à la fois pédagogique, ferme et équitable. Il est impératif de renforcer la formation à la neutralité active, notamment dans les zones où les tensions identitaires sont les plus exacerbées.

Enfin, cette affaire démontre combien la gouvernance locale de l’éducation peut devenir un terrain de tensions symboliques, surtout dans un contexte électoral où les questions d’identité, de sécurité et de laïcité prennent une dimension stratégique.

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