Economie

Israël : face au conflit, Fuite par yacht vers Chypre pour des milliers de dollars

Alors que l’espace aérien israélien reste partiellement fermé en raison des tensions croissantes avec l’Iran, un phénomène inédit prend de l’ampleur : de nombreux israeliens et touristes cherchent à quitter Israël par la mer, en affrétant des yachts privés vers Chypre.

Ce marché émergent, alimenté par la peur, les restrictions logistiques et les moyens financiers de certains, révèle une nouvelle facette des conséquences indirectes de la guerre : celle de l’évacuation maritime privée à plusieurs milliers de dollars.

Une alternative au ciel : la mer comme échappatoire

Depuis plusieurs jours, les demandes d’évacuation par voie maritime explosent. En cause :

  • la menace de missiles iraniens,

  • la fermeture partielle de l’espace aérien,

  • et l’incertitude sur la sécurité des vols commerciaux.

Dans ce contexte, des yachts privés quittent le port de Haïfa à destination de Limassol, à Chypre, offrant une solution rapide mais coûteuse à ceux qui peuvent se le permettre.

Selon les informations rapportées par Ynetnews, l’une des figures emblématiques de ce nouveau canal de sortie est Anna Sirotchenko, une skippeuse professionnelle qui organise des traversées en bateau à moteur ou voilier de 14 mètres, transportant jusqu’à 10 passagers.

Le coût d’un aller simple est estimé à 3 000 shekels (environ 800 dollars) par personne, couvrant :

  • la location du bateau,

  • le carburant,

  • la nourriture,

  • les formalités portuaires,

  • et l’escorte jusqu’à destination.

Une demande forte, une capacité limitée

La capacité d’embarquement reste toutefois extrêmement restreinte, ce qui rend ce mode de transport réservé à une élite ou à des étrangers en détresse souhaitant fuir rapidement. Certains passagers sont des touristes coincés, d’autres des réservistes ne souhaitant pas rester dans un pays mobilisé, ou encore des familles inquiètes du déclenchement d’un conflit de plus grande ampleur.

La durée du trajet avoisine les 24 heures. Le parcours est sécurisé, avec un contrôle des passeports au départ et à l’arrivée, en coordination avec les autorités chypriotes.

Une initiative officielle en parallèle

Face à cette pression croissante et à la limitation des capacités aériennes, le gouvernement israélien a décidé d’agir. Il a conclu un accord avec la compagnie Mano Maritime, une société israélienne de transport maritime, pour organiser des traversées de grande capacité entre Haïfa et Chypre.

Deux navires sont mobilisés pour évacuer jusqu’à 200 000 personnes, avec une capacité d’environ 2 000 passagers par traversée. Cette solution vise à désengorger les ports aériens et à offrir une alternative plus économique et structurée à la fuite en yacht.

Réactions et perceptions : entre soulagement et polémique

Sur les réseaux sociaux israéliens, les témoignages de passagers soulagés abondent, évoquant la sécurité, le calme et la liberté retrouvée loin des sirènes d’alerte. Certains qualifient ces bateaux de “mini-Dunkerque israélien”, en référence à l’évacuation massive de soldats alliés par bateau pendant la Seconde Guerre mondiale.

Mais d’autres dénoncent un « business de la peur » réservé à ceux qui peuvent payer, tandis que les familles modestes doivent rester sur place ou attendre les moyens publics de transport. L’État, de son côté, cherche à rassurer l’opinion en rappelant que l’initiative maritime officielle est ouverte à tous les citoyens, sans discrimination.

Ma mer comme nouvel axe logistique de crise

Ce phénomène met en lumière plusieurs enjeux stratégiques :

  1. Flexibilité maritime en temps de guerre : alors que les voies aériennes sont vulnérables, la mer offre une voie d’évacuation stable.

  2. Capacité logistique à double vitesse : entre les yachts privés élitistes et les navires publics de masse, une fracture sociale dans la mobilité se dessine.

  3. Dissuasion régionale et message symbolique : le recours massif à la mer illustre l’ampleur de la menace perçue par la population, même loin du front.

  4. Rôle futur de la Méditerranée : dans un contexte géopolitique instable, la Méditerranée pourrait redevenir un espace stratégique majeur de circulation des civils en période de conflit, au-delà de son rôle économique.

La multiplication des traversées en yacht entre Israël et Chypre n’est pas qu’un phénomène marginal. Elle traduit un état de tension profond, une adaptation logistique à un conflit qui s’intensifie et une forme d’exode ponctuel de la part des citoyens les plus mobiles.

Tandis que l’État tente d’organiser une réponse structurée via Mano Maritime, le recours aux yachts privés révèle un marché inédit, entre détresse et privilège, dans un Moyen-Orient où la guerre redéfinit chaque jour les routes de l’urgence.

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