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Israël-Gaza : La note secrète de tous les dangers, des ambassadeurs lâchent Macron et c’est une «première étape»

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Il fallait s’attendre à la bronca des ambassadeurs français opérant au Moyen-Orient et au Maghreb. Dans une fronde inédite dans l’histoire de la longue tradition diplomatique française les émissaires du pays ont dénoncé la disparition de «la politique arabe de la France». La levée de boucliers est un peu tardive, elle aurait dû intervenir plus tôt, dès le 7 octobre dernier quand le président Emmanuel Macron est sorti de la posture traditionnelle de la France suite à l’attaque du Hamas. Mais le fait est que la grogne est bien là…

Pourtant le chef de l’Etat français a tenté de corriger le tir pour éviter l’implosion de la société ; il a organisé une Conférence humanitaire internationale pour soulager les populations de Gaza ; il a dit ses vérités à Israël dans un entretien avec la BBC, des mots qui ont fortement irrité le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Sauf que Macron a couru derrière pour donner des gages de soutien au président israélien tout en lui rappelant les lignes rouges. Est-que ce message clair-obscur est opérant ? Est-ce que dire les choses de façon timorée rend la parole de la France audible dans le monde arabe ?

Non, à en croire la note collective envoyée au Quai d’Orsay par une dizaine d’ambassadeurs de France. Dans ce document rapporté par Le Figaro les rédacteurs soulignent le désastre provoqué par l’alignement de Macron sur les positions du va-t-en guerre Netanyahu. Le point culminant de ce parti pris a sans doute été la proposition de mobiliser la coalition internationale anti-Daech pour détruire le Hamas.

La posture de la France le soir de l’attaque en Israël est «incomprise» par les ambassadeurs qui ont écrit la note. Ils pointent la «rupture» avec le positionnement équilibré de la diplomatie française sur le sujet brûlant de la Palestine, confie au journal un diplomate qui a pris connaissance de la note. Il assure que ce document n’est pas «un brûlot», mais clairement c’est une «note de dissidence».

D’après la même source les ambassadeurs se désolent d’une «perte de crédibilité» de la France et de sa «mauvaise image» au Moyen-Orient, pointant «sous une forme assez diplomatique» la responsabilité des prises de position du président Macron dans la dégradation de la stature du pays.

Ils soulignent que dans le monde arabe les États-Unis et le Royaume-Uni sont sévèrement condamnés mais également la France, comme l’illustrent les manifestations devant ses ambassades. «Nous sommes parfois accusés de complicité de génocide», glisse un diplomate en poste à Paris, rapporte le média français…

La défiance actuelle serait même plus problématique que celle qui a suivi la sortie des caricatures du Prophète en France, soulignent les ambassadeurs frondeurs. Ils parlent d’une fâcherie «durable» que Paris payera cher en termes de réputation mais aussi au niveau de ses intérêts stratégiques.

La matérialité de cette note est confirmée par trois anciens ambassadeurs au Maghreb et au Moyen-Orient mais également, implicitement, par le palais de Élysée et le ministère français des Affaires étrangères. Ils n’ont pas souhaité évoquer une «correspondance diplomatique qui est, par définition, confidentielle», se bornant à dire que cette affaire relève des responsables élus.

Mais d’après le journal les préoccupations des ambassadeurs agitent le Quai d’Orsay où les diplomates de métier ont la sensation d’être «marginalisés» par l’Élysée sur le dossier du Proche-Orient. «Ils ont pris leurs responsabilités» et ce n’est qu’une «première étape», commente un diplomate en fonction au ministère des Affaires étrangères…

 

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