A la une

Israël-Hamas : la CGT française “s’UGTTise”, à la différence qu’en France ils sont arrêtés pour “apologie du terrorisme”

Partager

L’UGTT (Union générale tunisienne du travail) joue sur ses terres, elle joue à domicile. Sur la cause palestinienne je précise. Pour le reste (son projet de Dialogue national et tout le toutim, mort et enterré) la centrale syndicale repassera. Mais pour les droits élémentaires des Palestiniens et le Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes Nourreddine Taboubi et compagnie passent haut la main. De la population au sommet de l’Etat tunisien personne – en tout cas on ne les entend pas – ne s’élève contre la condamnation des meurtres de masse commis par l’armée israélienne à Gaza. D’ailleurs l’UGTT ameute ses troupes pour une méga manifestation ce samedi 21 octobre. Son homologue française, la CGT (Confédération générale du travail), ne peut pas en dire autant. La Justice vient de frapper dans ses rangs, pour “apologie du terrorisme“…

Le secrétaire départemental de la CGT Nord, Jean-Paul Delescaut, a été cueilli ce vendredi 20 octobre à 6h du matin par une dizaine de policiers. Même tarif pour la secrétaire administrative de l’Union départementale de la CGT Nord, qui pourtant n’exerce “aucune responsabilité politique“, a commenté la centrale syndicale. Ce qui leur vaut ces poursuites judiciaires : Un communiqué daté du 10 octobre, deux jours après le carnage signé par le Hamas en Israël.

Ce texte grosso modo est un soutien «au peuple palestinien en lutte» contre une armée d’occupation. Mais ce qui est surtout reproché à ses signataires c’est d’avoir dit formellement que c’est la démolition méthodique de toute perspective de paix de la part du gouvernement extrémiste en Israël qui a «provoqué» les horreurs du 7 octobre 2023. “Apologie du terrorisme“, a brandi la Justice d’Éric Dupond-Moretti. Il fallait s’y attendre après sa circulaire à sens unique dégainée le 10 octobre.

Donc c’est la première grosse prise du ministre, on verra si les tribunaux le suivront. Un autre gros poisson pourrait tomber dans les filets de Dupond-Moretti : la députée de la France insoumise (LFI) Danièle Obono, qui a dit peu ou prou les mêmes choses que les membres de la CGT Nord. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé immédiatement qu’il saisira la Justice. Donc là aussi il y a de l’agitation politique dans l’air.

Pourtant le leader de la LFI, le très preux Jean-Luc Mélenchon, a dit les mêmes choses, dès le 9 octobre. Mais lui n’est sous le coup d’aucune plainte et encore moins une inculpation. L’homme doit être trop volumineux pour les filets de Darmanin et Dupond-Moretti. Mélenchon devant les juges vous imaginez le tableau et surtout la tribune politique et médiatique. Trop risqué et surtout trop dommageable pour la stature de la France. Alors l’exécutif s’en prend aux plus “petits”. Pas très glorieux mais par les temps qui courent il n’y a pas de petite victoire.

Mais de victoire il n’y aura pas, en aucune façon. Même le chef de l’Etat Emmanuel Macron a reconnu à demi-mots que cette incandescence sociale autour de Gaza est allée trop loin et qu’il faille réduire la voilure. La machine s’est emballée depuis le discours sans nuances et très peu inspiré de Macron sur la défense aveugle d’Israël, tout en sachant ce que Benjamin Netanyahu avait prévu pour ses ennemis palestiniens bien avant l’incursion sanglante du Hamas. Il sera difficile pour Macron de retrouver de la crédibilité sur ce dossier.

Le Conseil d’État et le Tribunal administratif ont administré deux camouflets aux autorités, pour l’interdiction systématique, injuste et injustifiée des manifestations pro-Palestiniennes. Mais ces juridictions hélas ne pourront pas changer ce qu’il y a dans la tête des gens, elles ne pourront pas enlever le fiel et le poison qui s’infusent dans la société française, avec le concours volontaire ou involontaire des plus hautes autorités de l’Etat.

Laissez un commentaire