Sa victoire sur le Hamas pour venger l’attaque sanglante du 7 octobre 2023, son triomphe sur le Hezbollah et l’Iran (c’est lui qui le claironne, personne n’est obligé de le croire), sa participation active à la chute d’un autre ennemi d’Israël, le dictateur syrien Bachar al-Assad (là aussi c’est lui qui le soutient et d’ailleurs il commence à s’auto-récompenser, et prendra encore plus) ne sauveront pas Benjamin Netanyahu du couperet judiciaire suspendu sur sa tête depuis 2020, suite à de graves accusations de corruption. Ces dossiers ont été déterrés par le Tribunal le 4 décembre 2023, en pleins fracas à Gaza, ça repart ce mardi 10 décembre mais cette fois le Premier ministre est convoqué au Tribunal.
De quoi ruiner les dividendes de ses guerres, sa carrière politique
En attendant sa comparution pour ses manquements autour du carnage du 7 octobre, “Bibi” fait face aux juges pour des faits présumés de corruption qui pourraient atomiser le dividende politique qu’il croyait tirer de ces dizaines de milliers de Palestiniens et Libanais tués. Netanyahu et son Cabinet ont tout fait pour entraver les procédures, le Premier ministre a même tenté de réformer la Justice pour la mettre sous sa botte, les fondements démocratiques de l’Etat hébreu ont résisté.
Il est le tout premier chef du gouvernement israélien en exercice à être jugé au pénal pour corruption, fraude et abus de confiance. Son procès s’était ouvert en mai 2020 mais Netanyahu comparait en chair et en os pour la toute première fois, et il est sacrément plombé par une pléthore d’accusations et témoignages. Ce sont surtout d’anciens proches collaborateurs qui l’ont mouillé dans les 3 affaires jugées par le Tribunal, leurs confidences pèseront lourd et Netanyahu en a bien conscience.
Puisque les armes parlent moins à Gaza (Tsahal ayant tué et démoli tout ce qu’il pouvait) et au Liban à la faveur du cessez-le-feu (lequel tient malgré quelques escarmouches), il n’y a aucune raison que Netanyahu ne commence pas à répondre de ses crimes et délits présumés. Ce n’est pas l’excuse bidon de la sécurisation du Golan occupé et au-delà qui freinera les juges. Netanyahu a envahi le bureau des magistrats avec des demandes d’ajournement de la procédure en arguant le risque sécuritaire national engendré par l’assaut du Hamas le 7 octobre 2023, rien n’y a fait.
“Je parlerai” devant le Tribunal, “je ne fuis pas“, a déclaré le Premier ministre lors d’une conférence de presse hier lundi 9 décembre dans la soirée. “Cela fait huit ans que j’attends ce jour, huit ans que je veux présenter la vérité, huit ans que j’attends pour démolir complètement ces accusations absurdes et infondées portées contre moi“, a-t-il ajouté, fustigeant de nouveau “une chasse aux sorcières impitoyable” et des accusations sans fondement fabriquées par ses ennemis politiques…
C’est le Tribunal qui en décidera. Le procès a été délocalisé de Jérusalem à Tel-Aviv, dans une pièce souterraine, officiellement pour des raisons de sécurité. Mais il n’est pas impossible que Netanyahu ait exigé cette discrétion toute relative pour ne pas que les caméras captent l’image d’un Chef de guerre affaibli par ses déboires judiciaires. Et il n’est pas au bout de ses peines, il devra se présenter plusieurs fois par semaine au Tribunal, durant des mois. De longues nuits d’insomnie en perspective pour le bourreau des Palestiniens.
Des accusations infamantes, une tache indélébile
Dans la premier dossier Netanyahu et sa femme, Sara, sont accusés d’avoir touché plus de 260 000 dollars de produits de luxe (cigares, bijoux, champagne) de la part de milliardaires, notamment le producteur hollywoodien d’origine israélienne Arnon Milchan et le businessman australien James Packer, en contrepartie de faveurs politiques.
Dans le deuxième le Premier ministre est poursuivi pour avoir essayé d’obtenir une couverture élogieuse de la part d’Arnon Mozes, éditeur du grand journal “Yedioth Aharonoth”, le premier quotidien national payant. Netanyahu aurait promis en échange le vote d’une loi qui aurait barré la route du journal gratuit “Israel Hayom”, titre le plus lu en Israël.
Dans la dernière affaire “Bibi” est accusé d’avoir tenté de faire passer une fusion ourdie par un de ses proches, Shaul Elovitch, qui était alors actionnaire majoritaire de Bezeq, le plus grand groupe de télécommunications du pays. Là aussi Netanyahu voulait, dit le chef d’accusation, bénéficier d’un traitement favorable de sa politique sur le site web d’information populaire “Walla”, appartenant à Elovitch.
Le Premier ministre s’est adossé depuis 14 mois sur ses guerres pour s’éviter les foudres de la justice, mais ces conflits ont une fin, comme tous les autres qui l’ont précédé dans l’histoire de l’humanité. L’immunité dont jouit Netanyahu a aussi une fin, inéluctablement et les juges n’attendront même pas la fin officielle d’une guerre à Gaza que de toute façon le Premier ministre refuse de clore, pour des raisons politiques évidentes.
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