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Italie : La gauche impose à Meloni un référendum sur la naturalisation, 2 millions et demi d’immigrés en rêvaient…

Italie : La gauche impose à Meloni un référendum sur la naturalisation, 2 millions et demi d’immigrés en rêvaient…

Personne ne s’attendait à ce sursaut de la gauche, laminée aux dernières législatives et cherchant péniblement sa voie depuis 2 ans dans un pays tenu fermement par une coalition d’extrême droite. C’est une politique migratoire très dure qui fait le socle de la majorité gouvernementale, d’ailleurs les résultats des élections européennes ont conforté les orientations de Giorgia Meloni. C’est justement cette forteresse que l’opposition de gauche a décidé d’attaquer, sachant que si elle tombe tout l’édifice Meloni s’écroule. La cheffe du gouvernement est attaquée de front, sur la législation pour les étrangers, notamment la simplification de l’accès à la citoyenneté italienne. La gauche a gagné la première manche.

Ce que l’opposition veut imposer à l’extrême droite c’est un référendum, ça part bien avec un demi-million de signatures recueillies en quelques jours. Le but à terme est que les étrangers résidant en Italie attendent moins longtemps pour obtenir la nationalité. Bien entendu ce changement majeur, autant dire un séisme politique, n’est pas dans l’air du temps, ne suit pas la direction de l’opinion publique, en Italie et ailleurs en Europe, mais la gauche tente le coup.

La pétition affole les compteurs, le fait d’avoir dépassé le seuil requis pour organiser un référendum – 500 000 signatures – rend la manoeuvre de la gauche très périlleuse pour le gouvernement. Le référendum est devenu légitime, reste la légalité, c’est à la Cour constitutionnelle de l’acter, ou pas. Si la juridiction agrée la demande le vote pourra être organisé au printemps prochain, et si les citoyens italiens disent Oui on passera immédiatement à la révision de la législation sur l’accès à la citoyenneté.

En l’état pour qu’un étranger résidant légalement sur le sol italien ait droit à la naturalisation il faut qu’il attende 10 ans. La gauche veut raboter de moitié ce délai pour le ramener à 5 ans. Une réforme qui permettrait à 2 millions et demi d’immigrés de devenir tout de suite italiens. Pour la gauche c’est une manière de magnifier la contribution des immigrés à la croissance économique du pays. Evidemment Mme Meloni et compagnie ne voient pas du tout les choses de la même façon.

Les signataires de la pétition clament «quelque chose de simple, presque banal : ceux qui choisissent l’Italie pour vivre, étudier, aimer et grandir, ceux qui imaginent leur avenir dans notre pays, sont Italiens», a posté sur les réseaux sociaux le député d’opposition Riccardo Magi. C’est une énorme pierre envoyée directement dans le jardin du bouillant chef de la Ligue, l’ancien ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, qui risque 6 ans prison pour avoir bloqué en mer 147 migrants en grande détresse.

Avant la rentrée Salvini, un poids lourd de la coalition au pouvoir, avait torpillé le projet de naturaliser des centaines de milliers d’enfants d’immigrés scolarisés en Italie. L’homme continue de s’accrocher au droit du sang, une disposition qui n’a pas bougé depuis “la nuit des temps”, dans ce pays où les conservateurs font la loi. Giorgia Meloni, qui a été élue sur un programme anti-migrants, a martelé mardi dernier que 10 ans était «une période appropriée pour la citoyenneté» et qu’elle ne voyait «pas la nécessité de changer» la loi…

On en est là : un blocage total, la politique de l’autruche pour les uns – l’extrême droite -, le rêve fou de l’humanisme pour les autres – la gauche. On verra si les successeurs de Romano Prodi parviendront à imposer le droit du sol à la dame de fer. Elon Musk, qui était venue la voir en décembre 2023, avait plaidé pour l’ouverture des portes ; l’Italie le fait mais uniquement pour remplir ses cases vides, pour ce qui est des droits élémentaires des migrants on repassera.

 

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