Economie

ITCEQ – L’investissement manufacturier s’effrite devant les investissements improductifs

Partager

L’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives (ITCEQ) vient de publier aujourd’hui jeudi 13 janvier 2022 un rapport intitulé « Pour un renouveau de la politique industrielle en Tunisie : Exigences du positionnement compétitif ».

L’ITCEQ a rappelé que, malgré de nombreuses réformes qui ont été mises en place durant les dernières décennies pour consolider le secteur privé (les incitations, l’engagement de plusieurs programmes d’appui aux entreprises privées et la promulgation en 2007 de la loi sur l’initiative économique, la promulgation en 2016 de la loi d’investissement (loi n°2016-71), l’investissement privé, en Tunisie, et plus particulièrement manufacturier s’est caractérisé par sa faiblesse structurelle.

Il a été noté, sous cet angle, que l’effort d’investissement (18.6% en 2018) s’avère largement inférieur à celui enregistré par d’autres économies émergentes comme la Turquie (30% en 2018) et le Maroc (28.5% en 2018), ces derniers, qui avaient des taux d’investissement comparables et même, très inférieur à celui de la Tunisie au début de la décennie 2000 (en 2001, ce taux était de 25.3% pour la Tunisie, 18% pour la Turquie et 27% pour le Maroc) ont réussi à dynamiser l’investissement privé grâce à la mise en œuvre de plusieurs réformes engageant, davantage, le secteur privé telle que la charte de l’investissement en 1995 pour le Maroc.

En effet et sur la période 2000-2013, l’investissement privé s’était caractérisé par un faible dynamisme et n’a pas dépassé les 15% du PIB alors qu’il était de 25% dans des pays Sud -Est asiatiques 50. Sa part dans le total de la FBCF a chuté d’environ 63% en moyenne sur la période 2000-2013 à 55% sur la période 2011-2017. L’effort d’investissement privé a connu, ainsi, un repli significatif après 2010, en passant de 14.1% du PIB en 2010 à moins de 10% en 2017, notamment en raison, d’une part, de la crise économique qu’ont connue plusieurs pays de l’UE après 2009 et, d’autre part, du climat d’incertitude et d’instabilité politique, sécuritaire et sociale ainsi qu’aux changements des cadres institutionnel et législatif qui encadrent l’investissement privé.

Quant à l’investissement manufacturier, le ratio de l’effort d’investissement (FBCF manufacturière en % du PIB) a globalement baissé depuis l’année 2000, indique le rapport de l’ITCEQ. Cette tendance s’est accentuée après les évènements de 2011 pour passer de 3.15% du PIB en 2010 à 2.2% en 2019 avec un repli de 30% en 2019 contre 25% pour l’ensemble de l’économie. Également, la part de la FBCF manufacturière dans la valeur ajoutée générée par le secteur a reculé, aussi, sensiblement (-22%) entre 2010 et 2019.

La répartition sectorielle de l’investissement permet de révéler un faible dynamisme de l’investissement au niveau du secteur manufacturier, une prépondérance de l’investissement dans les services marchands et plus particulièrement dans le logement, un recul remarquable au niveau de l’agriculture et une évolution au niveau du secteur non manufacturier et l’Administration, souligne-t-on.

En comparant avec l’investissement dans le logement, ce secteur non productif, la part de l’investissement manufacturier dans la FBCF globale est toujours inférieure à celle allouée au logement qui représente, à lui seul, près de du quart (24%) du total des investissements privés.

 

 

 

 

 

 

 

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek