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JO de Paris : La taxation des médaillés français gâche déjà la fête, chronique d’un scandale annoncé

JO de Paris : La taxation des médaillés français gâche déjà la fête, chronique d’un scandale annoncé

La fête est belle, la moisson de médailles est exceptionnelle (la France a déjà battu son record et ce n’est pas fini) et redonne le sourire à des citoyens dont la réputation de râleurs n’est plus à faire. Mais voilà, tout cela ne fait pas oublier que le pays est assis sur une poudrière politique et les hostilités reprendront dès la fin des Jeux olympiques ; tout cette ferveur contagieuse ne fait pas oublier que le pays est englué dans une crise financière sans précédent et que les caisses publiques doivent être requinquées en urgence, par tous les moyens. Et puisque le gouvernement démissionnaire n’a pas eu le courage de taxer les superprofits et les ultra riches il faudra bien que les autres, les mêmes, soient mis à contribution. Même les médaillés olympiques, qui sèment dans le pays une joie et une euphorie qu’il n’a pas connues depuis le Mondial de football de 1998, ne seront pas épargnés.

La fête bat son plein, les calculettes du ministère des Finances aussi. Toute cette moisson de médailles c’est autant de primes et pas question de les exempter d’impôts. Bon, la clameur autour de l’argent ne monte pas encore, ce serait un spectacle indécent devant le monde entier, mais les athlètes et le Trésor public n’en pensent pas moins. En tout cas il y en a qui a osé pousser un coup de gueule, l’ancien double champion olympique de judo David Douillet.

Le judo, qui a rapporté le plus de médailles à l’Hexagone, sous la houlette de l’indéboulonnable Teddy Riner, sera essoré par Bercy. C’est une «honte», a pesté David Douillet. Il est indigné par la fiscalisation des primes des médaillés aux JO. «Pour certains athlètes, c’est de l’argent de poche et, pour d’autres, dans de petits sports, c’est immense. Fiscaliser ça ? Je trouve que c’est une honte», asséné l’ancien champion hier lundi 5 août sur RMC…

Il n’est pas certain que ses cris soient entendus. Il n’y a pas de petit profit pour le Trésor public français, surtout par les temps qui courent. Les médaillés français vont toucher une prime de l’État en fonction de leurs prouesses sportives : 80 000 euros pour l’or, 40 000 pour l’argent et 20 000 pour le bronze. Cet argent, qui peut paraître conséquent, est jugé «ridicule» par le double champion olympique (1996 et 2000) au regard des années de préparation des athlètes.

«C’est vrai que ça peut paraître beaucoup d’argent […] mais il faut prendre conscience d’une chose : quand un athlète touche 80 000 euros, vous savez combien de temps il met pour avoir sa breloque ? Entre dix et quinze ans. Et c’est plutôt quinze. Si tu étales 80 000 euros sur quinze ans, tu verras ce que c’est», a argué l’ancien roi des tatamis judoka. «Et en plus tu dois payer des impôts là-dessus ? C’est scandaleux», s’emporte-t-il.

A noter que ces primes étaient défiscalisées depuis les Jeux d’Albertville en 1992 (excepté Vancouver 2010, Londres 2012 et Sotchi 2014) ; mais depuis les derniers JO, à Tokyo (Japon), l’impôt sur le revenu frappe de nouveau. Il faut dire que les montants remis aux athlètes ont fortement augmenté aux JO de Paris. A Tokyo – en 2021 – et à Pékin – en 2022 – un médaillé d’or recevait 65 000 euros, un médaillé d’argent 25 000 euros et un médaillé de bronze 15 000 euros.

Pour les JO de Paris (olympiques et paralympiques) 18,6 millions d’euros de primes ont été dégagés par le Budget de l’Etat dans le projet de loi de finances 2024. Ils seront décaissés à la mi-novembre prochain par le ministère français des Sports, ensuite le couperet de l’impôt sur le revenu s’abattra. Les JO font certes beaucoup d’heureux – les médaillés et les spectateurs – mais c’est aussi une affaire de sous, même si personne ne le crie sur les toits, ce ne serait pas sportivement correct…

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