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Kais Saied change de stratégie pour rassurer, en Tunisie et ailleurs

Kais Saied change de stratégie pour rassurer, en Tunisie et ailleurs

Le président de la République, Kais Saied, a présidé le dernier Conseil ministériel du 4 novembre 2021.

D’après la vidéo diffusée sur la page officielle de la présidence de la République, Kais Saied, est revenu sur la situation générale dans le pays sur les plans sécuritaire, socio-économique et financer.

Fini l’ère du populisme, c’est l’heure de vérité!

Ayant l’habitude de survoler la situation de la Tunisie tout en fermant les yeux sur les vrais problèmes, le chef de l’Etat a avoué pour la première fois qu’il y a une crise financière et économique aiguë.

Saied l’a reconnu tout en prononçant un discours calme et dénué de tension, contrairement aux anciens discours qui étaient dans leur grande majorité polémiques et durs.

Calme et décontracté, le chef de l’Etat a demandé le soutien financier de tous les Tunisiens pour surmonter la crise actuelle, rassurant ces derniers sur le sort de l’argent collecté.

Alors qu’il s’est attaqué auparavant aux partenaires étrangers de la Tunisie et aux agences de notation, Saied était dans l’obligation cette fois-ci de rassurer la communauté internationale sur le bon fonctionnement des rouages de l’Etat ainsi que la bonne marche des institutions publiques.

La Tunisie traverse une nouvelle étape de son histoire” a-t-il dit, en ajoutant que l’initiative du dialogue national sera organisée suivant de nouveaux mécanismes.

Après avoir levé la voile sur la crise économique dans le pays, rassurant la communauté internationale, Saied a fait savoir que les mesures exceptionnelles seront écourtées!

Une nouvelle tant attendue par les sympathisants et les opposants, qui avaient cru que ces mesures ne prendraient pas fin aussi vite et s’étaleraient jusqu’au mois d’octobre 2024, soit jusqu’à la fin de son mandat.

Selon le discours prononcé et les éléments qui ont été annoncés, on constate que quelles que soient les raisons derrière, Saied vient de changer de stratégie.

Laissant de côté l’improvisation, Saied a eu recours cette fois-ci à de nouveaux procédés de discours.

Le “nous” rassembleur

En évoquant pour la première fois la crise économique et la solution de l’austérité, Saied a tant utilisé le procédé discursif “nous” pour montrer que tout le monde est dans le même bateau.

Faisant recours à une tonalité forte, Saied a clairement demandé l’aide du peuple via le ” nous” qui reflète l’identité collective.

Le “nous” fédérateur et à valeur hautement symbolique était utilisé dans le but d’unir tous les Tunisiens autour de Kais Saied, qui s’est voulu cette fois-ci un président rassembleur.

Le discours émotionnel

Il est admis que toute prise de parole a un certain degré de charge émotionnelle minimale suite aux notions psychologiques qu’elle exerce. Pour ce faire, les hommes politiques font appel à des émotions collectives afin de toucher le plus grand nombre de citoyens électeurs, par exemple l’activation de la peur, du désir, de l’espoir, de la colère, de la fierté…

C’est pourquoi chaque homme politique profite de ses interventions médiatiques pour exposer à travers des manifestations discursives diverses émotions, ce qui est le cas pour Kais Saied, qui avait suscité la peur chez les Tunisiens pour pointer du doigt la spécificité de la situation économique actuelle.

Pour ce faire, le discours était calme, émouvant et chargé d’émotions.

Il semble que Kais Saied ait, dans ce cas, bien saisi qu’un discours politique ne doit pas être tout le temps rationnel. Dans certains cas, les propos doivent parler au cœur et émouvoir pour atteindre la cible qu’on souhaite toucher.

La communication affective marquée par la visée persuasive et l’approche pathémique était bien en évidence dans le dernier discours de Kais Saied.

Il s’agit d’un processus de dramatisation qui nous place de plein-pied dans la « problématique du pathos » dans le discours politique.

Les marqueurs de véridiction

Aussi, dans un discours politique on ne dit pas simplement qu’on est honnête, on le montre.

Pour cela, s’inscrivant dans le processus émotionnel du discours, le chef de l’Etat a utilisé plusieurs marqueurs de véridiction.

Figure parmi ces derniers le procédé de l’honnêteté où Saied a demandé le financement du peuple, rassurant les Tunisiens sur le sort de l’argent collecté.

Il a expliqué que la somme collectée sera supervisée par la présidence de la République et la présidence du gouvernement, faisant allusion au fait que l’argent sera entre de bonnes mains.

Le procédé de victimisation

Saied n’a pas raté l’occasion pour utiliser des embrayeurs de subjectivité basés sur l’aspect temporel pour opposer cette initiative à des initiatives précédentes.

Le responsable a présenté une liste d’arguments qui finit par accuser et blâmer les gouvernements qui l’ont précédé, responsables, selon lui, de cette situation, d’où l’argument de disqualification qui a pour but de persuader le récepteur en faisant appel au pathos (le recours aux émotions).

L’intervenant a diffusé l’image d’un acteur politique victime de plusieurs attaques provenant de ses adversaires et ce, malgré des campagnes de dénigrement, de diffamation et de disqualification qui ont été menées à son encontre.

La diabolisation des adversaires

Seuls contre tous, Kais Saied a diffusé l’image d’un homme fort tout en rappelant les détails d’un système politique déstabilisé.

Faisant recours à une articulation plus forte, Kais Saied s’est inscrit pleinement dans la mise en scène pour se présenter comme la meilleure alternative.

L’on constate par toutes ces procédures que le chef de l’Etat a tenté de profiter de l’occasion pour diffuser une meilleure image de soi en faisant recours à la communication affective, l’un des procédés rhétoriques les plus fréquents dans le discours politique.

 

 

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