Economie

La Banque Mondiale critique la réglementation des taux bancaires et la non-utilisation de Paypal

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La Banque Mondiale (BM) vient de publier un rapport d’évaluation de la situation économique en Tunisie, intitulé Réformes économiques pour sortir de la crise.

Au volet de la politique monétaire, le rapport de la BM évoque que vu l’impossible accès au financement externe, la monétisation indirecte a été la solution au remboursement de la dette extérieure en 2021.

Cette monétisation a entrainé, d’après l’Instance Financière Internationale (IFI) une baisse des réserves en devises. Le recours accru au financement sur le marché intérieur entraine un effet d’éviction des crédits à allouer au secteur privé, indique-t-on. La monétisation de la dette, surtout en juillet et août 2021, a contribué à augmenter l’inflation malgré la baisse de la demande. Aussi, une partie des financements a évincé les crédits aux entreprises.

Sous un autre angle, la BM a déploré les distorsions du secteur financier qui réduisent la réactivité de l’économie. Au fait, il a été noté que la complexité et la lenteur des procédures de restructuration financière, l’absence d’un cadre formel pour les procédures extrajudiciaires et la faible diversité des instruments financiers adéquats ont empêché de traiter rapidement et efficacement les problèmes d’endettement des entreprises en difficulté.

On souligne aussi que ces procédures se sont avérées particulièrement pénalisantes compte tenu du contexte particulier de l’économie tunisienne qui a subi une succession de chocs depuis 2011 et, ce, avant même le déclenchement de la crise COVID. Ces chocs successifs ont amplifié la problématique de d’endettement d’une proportion non négligeable des entreprises tunisiennes et pour certaines la dégradation de leur viabilité financière malgré les moratoires et le mécanisme de garantie des crédits de trésorerie que les autorités tunisiennes ont mis en place au profit des entreprises ayant subi le choc COVID.

De plus, selon la BM, la réglementation sur les taux d’intérêt excessifs empêche l’allocation optimale des ressources aux dépens des petites entreprises et startups souvent jugées comme plus risquées, surtout en période de crise où les risques opérationnels et de marché augmentent. Également, on affirme qu’un un registre électronique de sûretés mobilières aurait permis aux demandeurs de crédits de fournir les garanties, autres qu’immobilières, nécessaires pour le financement des leurs activités.

La rigidité au niveau des exportations (biens ou services) en ligne à cause des restrictions au niveau des procédures de change. Par exemple, l’utilisation de Paypal, perçue comme un gage de sécurité pour effectuer des transactions en ligne et exigée pour l’enregistrement sur les plateformes internationales, n’est pas permise en Tunisie, affirme l’IFI. Ceci limite significativement la capacité de ventes en ligne à l’étranger, en particulier pour les petits commerçants.

Rappelons que malgré les critiques constamment adressés à la règlementation des changes marquée par un haut degré d’inertie et à la législation consacrant une grande répression financière en Tunisie, le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, a déclaré récemment que « le Code des changes a épargné à la Tunisie le scénario libanais », rappelant que la loi actuellement en vigueur n’a pas permis aux lobbies de contrôler les devises étrangères pendant la crise que traverse le pays.

Le gouverneur a indiqué cependant que la Tunisie s’est déjà engagée dans le cadre de ses pourparlers avec le Fonds monétaire international à réformer sa réglementation des changes vers une libéralisation de sa monnaie dans un délai de 2 à 3 ans.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek