La récente décision de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) de maintenir son taux directeur à 8% en juin 2024 a suscité de nombreuses interrogations quant à l’évolution future de la politique monétaire du pays.
Bien que cette décision témoigne d’une approche prudente face aux défis économiques actuels, plusieurs indicateurs laissent entrevoir la possibilité d’une baisse du taux directeur dans les semaines à venir. Cette perspective mérite une analyse approfondie, tenant compte des différents scénarios envisageables et de leurs implications potentielles pour l’économie tunisienne.
Contexte économique actuel
Le contexte économique actuel en Tunisie est marqué par une dynamique complexe.D’une part, l’inflation, bien qu’en décélération, demeure une préoccupation majeure pour les autorités monétaires. Les projections de la BCT indiquent que l’inflation devrait passer sous la barre des 7% au second semestre 2024, avec des moyennes annuelles prévues à 7% pour 2024 et 6% pour 2025. Cette trajectoire désinflationniste est encourageante, mais elle reste fragile et soumise à divers facteurs de risque.
D’autre part, la nécessité de soutenir la croissance économique dans un contexte post-pandémique exerce une pression sur la BCT pour assouplir sa politique monétaire.
Une baisse probable du TMM ?
Dans ce contexte, le scénario le plus probable serait celui d’une baisse modérée du taux directeur, de l’ordre de 25 à 50 points de base. Cette approche permettrait à la BCT de donner un signal positif aux acteurs économiques tout en maintenant une posture vigilante face aux risques inflationnistes.
Une telle baisse ramènerait le taux directeur à 7,75% ou 7,50%, un niveau qui continuerait à exercer un contrôle sur l’inflation tout en offrant un léger soutien à l’activité économique. Ce scénario s’appuie sur la décélération progressive de l’inflation observée jusqu’à présent et sur la transmission attendue des effets des baisses antérieures des prix internationaux des matières premières et des produits de base.
Le scénario du statu quo
Toutefois, la BCT pourrait également opter pour un statu quo prolongé, maintenant son taux directeur à 8% pendant encore quelques mois. Cette décision serait motivée par la persistance de certains risques inflationnistes, notamment les hausses des coûts salariaux et les pressions de la demande sur les capacités de production dans plusieurs secteurs d’activité, dont l’agriculture.
Un maintien du taux actuel témoignerait de la volonté de la BCT d’ancrer fermement les anticipations d’inflation à la baisse avant d’envisager un assouplissement de sa politique. Bien que cette approche puisse freiner la reprise économique à court terme, elle viserait à garantir une stabilité des prix plus durable à moyen et long terme.
Le scénario d’une baisse significative
Un troisième scénario, moins probable mais néanmoins envisageable, serait celui d’une baisse plus significative du taux directeur, de l’ordre de 75 à 100 points de base. Cette option ne serait considérée que dans le cas où l’inflation reculerait plus rapidement que prévu ou si des signes de ralentissement économique prononcé nécessitaient une stimulation forte de l’économie.
Une telle décision ramènerait le taux directeur à 7,25% ou 7%, ce qui représenterait un changement notable de la politique monétaire. Bien que cette approche puisse offrir un soutien plus important à l’activité économique, elle comporterait également un risque accru de résurgence des pressions inflationnistes, ce qui pourrait compromettre les progrès réalisés en matière de stabilité des prix.
La BCT se trouve face à un délicat exercice d’équilibriste, devant concilier le soutien à la croissance économique avec la maîtrise de l’inflation. L’approche prudente et progressive adoptée jusqu’à présent laisse penser qu’une baisse modérée du taux directeur dans les semaines à venir est le scénario le plus plausible. Cependant, la décision finale dépendra de l’évolution des indicateurs économiques et de l’évaluation des risques par le Conseil d’administration de la BCT.
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