Dans un nouveau rapport intitulé « Informality and Inclusive Growth in the Middle East and North Africa », des experts du Groupe de la Banque mondiale (BM) se sont concentrés sur la question de l’emploi informel en Égypte, au Maroc et en Tunisie où il atteint respectivement 62,5%, 77,3% et 43,9%, des niveaux supérieurs à ceux de la plupart des autres pays de la région MENA.
Selon le rapport, la situation en Tunisie est de nature très différente de celle observée en Égypte, tandis que le Maroc se situe quelque part entre les deux.
L’informalité n’est pas inévitable
Les trois pays présentent des caractéristiques différentes en ce qui concerne leurs cadres juridiques et institutionnels et leur économie, et quant aux facteurs qui influent sur l’informalité. Ensemble, ces pays procurent par conséquent une bonne vue d’ensemble de la situation de la région.
Le rapport apporte la preuve que l’informalité n’est pas inévitable : elle résulte en grande partie de problèmes juridiques, réglementaires et institutionnels. Le degré d’importance de l’économie informelle dépend de la conjugaison de plusieurs facteurs, notamment la manière dont sont conçus les systèmes de protection sociale, la charge que représentent les dispositions juridiques et la fiscalité, l’application des lois et des règlements, les processus d’enregistrement des entreprises, la résolution des litiges commerciaux, l’accès au crédit, la corruption et la concurrence déloyale.
50% des jeunes tunisiens occupent des emplois informels.
Selon une étude récente de l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) intitulée « L’inclusion financière et son rôle dans la réduction de l’informalité en Tunisie », l’économie informelle touche plus particulièrement les femmes, les travailleurs peu qualifiés et les jeunes. On rapporte, à ce titre, que 50% des jeunes occupent des emplois informels.
Concernant les déterminants de l’informel évoque l’inadéquation de compétences ainsi qu’un déficit d’information, expliquant ainsi que peu de travailleurs passent du secteur informel au secteur formel. On souligne également qu’en raison d’une fiscalité élevée sur le travail, un grand nombre de travailleurs est maintenu dans l’informel.
Dans la même optique, les statistiques périodiques issues des enquêtes sur l’emploi de l’Institut National de Statistique (INS) montrent, qu’en 2019, 23% de la force de travail sont des salariés dans le secteur informel, auxquels on rajoute 7% de travailleurs indépendants sans sécurité sociale et 2% qui contribuent à une entreprise familiale, soit près de 32% de la force de travail qui est dans une situation précaire, précise l’étude de l’ITES.
Ainsi, les statistiques révèlent que le secteur informel emploie, selon une enquête publiée par l’INS en 2020, 1,6 millions soit 44,8% de l’emploi total.
1,55 million des travailleurs au secteur privé en Tunisie sont des employés informels
Il est à souligner, sous ce même angle, que dans le secteur privé, près de 1 travailleur sur 2 est employé de manière informelle et le taux d’informalité le plus élevé est observé parmi les travailleurs non-salariés révèle le dernier rapport de la Banque mondiale sur le « Paysage de l’emploi en Tunisie ».
En 2019, sur près de 2,8 millions de travailleurs employés dans le secteur privé, environ 1,55 million étaient informels, précise le rapport ajoutant que la part de l’emploi informel en Tunisie est inférieure à la moyenne des États arabes, à l’exclusion des pays à revenu élevé sachant que les définitions de l’emploi informel peuvent différer d’un pays à l’autre.
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