La Chine a annoncé ce dimanche 19 mai 2025 l’instauration de surtaxes douanières pouvant atteindre 74,9 % sur un plastique technique importé des États-Unis, de l’Union européenne, du Japon et de Taïwan, dans un contexte de tensions commerciales persistantes.
Cette mesure, annoncée par le ministère chinois du Commerce, concerne spécifiquement les importations de copolymère de polyformaldéhyde, un matériau largement utilisé dans les secteurs de l’automobile, de la santé et de l’électroménager.
Selon Pékin, cette décision est le fruit d’une enquête antidumping ayant conclu que ce plastique, exporté à bas prix, causait un préjudice économique à l’industrie locale. Les nouvelles taxes entreront en vigueur dès le lundi 20 mai, et seront appliquées selon un barème progressif allant de 3,8 % à 74,9 %, selon l’origine et le producteur.
Le copolymère de polyformaldéhyde, aussi connu sous l’appellation POM, est prisé pour sa résistance mécanique, sa stabilité dimensionnelle et sa facilité de moulage, le rendant indispensable dans la fabrication de pièces automobiles, d’appareils médicaux, de composants électriques et d’articles ménagers.
Cette décision de Pékin intervient quelques jours seulement après que Washington et Pékin ont suspendu pour 90 jours certains droits de douane, dans le cadre d’un fragile apaisement de leur longue guerre commerciale. Elle apparaît donc comme une contre-offensive ciblée, dans un jeu d’équilibriste diplomatique et économique.
La Chine a récemment multiplié les mesures antidumping, notamment à l’encontre du brandy européen, dont la filière du cognac français a fait les frais. Cette mesure répondait à une enquête de l’Union européenne sur d’éventuelles pratiques déloyales dans les exportations chinoises de véhicules électriques, un secteur stratégique pour Pékin.
Avec ces nouvelles surtaxes, les producteurs américains, européens et japonais de plastiques techniques risquent de perdre un marché d’exportation stratégique, dans un contexte déjà marqué par des perturbations mondiales des chaînes d’approvisionnement. La mesure pourrait notamment affecter les groupes industriels spécialisés dans les polymères techniques, comme Celanese (États-Unis), BASF (Allemagne) ou encore Mitsubishi Chemical (Japon).
Selon des analystes du commerce international, cette mesure pourrait inciter certains fabricants à réorienter leurs chaînes de production vers d’autres marchés ou à réévaluer leurs stratégies d’implantation en Asie.
Ainsi, en imposant jusqu’à 75 % de droits de douane sur un plastique essentiel aux industries de pointe, Pékin envoie un signal clair : les différends commerciaux avec ses partenaires ne se régleront pas sans rapport de force assumé.
Cette décision, à forte portée symbolique et économique, confirme la volonté de la Chine de défendre agressivement ses secteurs industriels stratégiques, quitte à raviver les tensions avec ses partenaires occidentaux.
Les prochains mois diront si cette nouvelle escalade ouvre la voie à de nouvelles mesures de rétorsion, ou si la voie du dialogue parviendra à l’emporter.
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