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La communication autour du Sommet de la Francophonie : Avec 1 million d’euros dépensés on pouvait éviter ces ratés

La communication autour du Sommet de la Francophonie : Avec 1 million d’euros dépensés on pouvait éviter ces ratés

L’heure du bilan, pour le 18ème Sommet de la Francophonie, a sonné. Bilan sans aucun doute positif, personne n’en disconviendra et le Comité National d’Organisation (CNO) a magnifiquement œuvré dans un contexte sûrement difficile et avec la contrainte d’un évènement réalisé à Djerba, loin de Tunis.

Toutefois, une ombre, remarquée par beaucoup, se glisse au tableau de ce bilan : la communication à l’international. Nous aurions espéré que la Tunisie tire son épingle du jeu de cet évènement planétaire pour, tout au long des mois qui ont précédé le Sommet, envoyer ses messages positifs, se positionner et attirer les lumières des projecteurs sur elle. Rappelons que la communauté francophone, c’est 320 millions d’individus !

Hélas, d’après ce que nous avons constaté et ce que nos collègues à l’étranger nous ont rapporté, ce ne fut pas le cas. A quelques jours du Sommet, les journalistes des plus grandes rédactions d’importants pays francophones n’avaient toujours pas entendu parler du Sommet. Aucune communication ne leur était parvenue. Témoignage d’un journaliste suisse d’un grand quotidien en langue française : « Si le président de la Confédération ne se déplaçait pas à Djerba pour le Sommet, et si la Suisse n’avait pas été nommée vice-présidente du Sommet, nous n’en aurions jamais entendu parler ».

Pourtant un million d’euros (soit plus de trois milliards de millimes) ont été dépensés pour la communication et la promotion, ce qui avait fait grincer les dents de grandes agences de communication qui considéraient que la boîte en charge de cette affaire s’activait dans l’évènementiel, et non dans la communication.

A l’arrivée l’agence en question a pu faire taire les mauvaises langues et a réussi son pari dans la réussite des films promotionnels qu’elle a réalisés pour le Sommet de la Francophonie : émotions, images magnifiques, musiques inventives, tout avait concouru à faire de ces films de véritables messagers de la Francophonie, appréciés et partagés par tous.

Rien à dire non plus sur la qualité des visuels, sur le choix des couleurs, sur le parti-pris qu’elle a osé prendre. Un véritable travail de professionnel, personne ne pourra dire le contraire.

Là où le bât blesse, c’est au niveau des PR et du Community Management…

Les relations presse internationales du Sommet, on en parle…

Les organisateurs, dans leurs publications sur Facebook et sur Linkedin, s’auto-congratulent sur la qualité de ses PR. Mais le rayonnement médiatique du Sommet a-t-il vraiment été réussi ? Trouvons-nous beaucoup de retombées presse sur le sujet du Sommet à travers les googles des pays francophones ou membres de l’OIF ? Nous avons cherché, bien cherché et nous n’avons pas trouvé.

Déjà, Erich Alauzen, expert PR, reconnu pour sa qualité de travail en Tunisie et à l’étranger et apprécié par la presse tunisienne, avait claqué la porte de l’agence en octobre dernier. Il avait déclaré, dans un mail laconique, envoyé à tous les médias tunisiens, dont Tunisie Numérique, avoir pris cette décision à la suite de désaccords, tout en remerciant le CNO pour son extrême sollicitude à son égard. Il n’avait donné aucune véritable explication, préférant considérer son retrait comme un non-évènement dans un moment où il était plus utile de se concentrer sur le succès du Sommet. Mais d’après nos informations et quelques recoupements, nous avons appris qu’Erich Alauzen avait quitté le bateau du fait qu’il n’avait pas apprécié les prises de positions unilatérales de l’agence, notamment l’annulation, sans aucune explication, des actions vitales pour la réussite des relations presse internationales du Sommet, pourtant validées par le CNO.

Non-évènement, peut-être, mais qui a donc piloté les relations presse internationales de ce Sommet durant les six semaines qui l’ont précédé ? C’est dans cette période qu’il aurait été pertinent de faire rayonner les acquis de la Tunisie sur les médias des pays de l’OIF, mais aucun article n’est paru. Les seuls articles publiés débutent uniquement avec le début du Sommet, lorsque chefs d’état et chefs de gouvernement se déplacent à Djerba.

Pas d’interview, non plus, de personnalités tunisiennes sur les chaînes étrangères avant le Sommet, pas d’article sur les thèmes du Sommet annoncés plusieurs fois par les porte-paroles, en un mot, pas de présence médiatique tunisienne sur le parterre international. Quelle a été la valeur ajoutée en termes de relations presse autour du Sommet ? N’aurait-il pas été préférable de recruter une véritable agence PR nationale, nous en comptons au moins cinq de bonne renommée, ou internationale ?

Parlons Community Management du Sommet

Les PR sont sans aucun doute un élément important dans un évènement de l’envergure d’un Sommet de la Francophonie, mais le Community Management a également toute sa prépondérance. Nous sommes donc allés sur les réseaux sociaux du Sommet, Facebook et Linkedin. Résultat :

A la lecture de ces chiffres, nous nous posons une question, comme le ferait n’importe quel Tunisien, même s’il ne travaille pas dans la communication : avec un million d’euros,  on aurait pu sponsoriser massivement ces pages et ces comptes et attirer de très nombreux followers et abonnés, braquant ainsi directement tous les projecteurs sur le Sommet, certes, mais aussi sur la Tunisie.

Nous remarquons aussi, en scrutant les réseaux sociaux que les taux de retour sont très faibles lorsque des posts sont publiés, notamment sur Facebook ou sur YouTube : des vidéos vues par moins de 400 personnes, des publications seulement likées par une vingtaine d’internautes… Nous sommes bien loin des chiffres que nous aurions souhaité voir pour un évènement tel que le Sommet de la Francophonie où la communauté francophone représente plus de 32O millions d’individus.

Malgré tout, le CNO a réussi son pari haut-la-main !

Heureusement, sur le terrain et aux yeux de tous, y compris chefs d’état, chefs de gouvernement, diplomates et délégations, le CNO a magnifiquement réussi toutes les autres composantes de ce Sommet. Nous sommes tous d’accord sur un bilan positif à l’honneur de la Tunisie, y compris la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Madame Louise Mushikiwabo

Espérons que la gestion post-event du Sommet sera rondement menée pour le rayonnement de la Tunisie, grâce à son Sommet. La déclaration de Djerba, fruit à peine éclos du 18ème Sommet de la Francophonie, devrait être portée haut et loin. Elle a été qualifiée par Monsieur Othman Jerandi, Ministre des Affaires étrangères, comme un document qui « comportera des initiatives pionnières en matière de coopération au sein de l’espace francophone ».

 

 

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