Economie

La coupe du monde du football tourne-t-elle à contre-courant de la mondialisation ?

La coupe du monde du football tourne-t-elle à contre-courant de la mondialisation ?

Selon une publication de Jim O’Neill, ancien ministre du Trésor britannique, à Project Syndicate qui est une organisation médiatique internationale, la sélection de l’Afrique du Sud en 2010, du Brésil en 2014, de la Russie en 2018 et du Qatar en 2022 pour accueillir la coupe du monde de football comme l’événement sportif le plus vu au monde était clairement basée sur la montée en puissance des économies émergentes. 

La 22e Coupe du monde est en cours, mais qui au début de ce siècle aurait pensé qu’elle pourrait être accueillie par le Qatar pourtant, nous y sommes, et la seule surprise est que cela ne semble pas si surprenant, s’interroge Jim O’Neill.

Un enjeu global

Il souligne, d’après son expérience et ses recherches, que le lien entre le football et l’état de l’économie mondiale apparaît clairement dans le choix des pays hôtes de la coupe du monde tout en précisant que c’est un fait indéniable que la sélection par la FIFA de l’Afrique du Sud en 2010, du Brésil en 2014, de la Russie en 2018 et maintenant du Qatar, était basée sur l’essor constant des économies dites émergentes au cours des deux premières décennies de ce siècle. 

L’auteur pense depuis longtemps que les deux autres pays BRICS (un groupe comprenant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) pourraient bien rejoindre le petit groupe d’hôtes à l’avenir.

Mais étant donné le repli sur soi de nombreux grands pays ces dernières années, les jours où l’on souhaite même accueillir l’événement sont-ils comptés ? Les pays émergents auront-ils de plus en plus de mal à réussir à organiser l’événement le plus vu au monde ? Ou, au contraire, le monde pourrait-il bientôt revenir à un ordre international plus satisfait, globalisant et inclusif ? On pourrait même se poser une question plus profonde : la FIFA est-elle un indicateur avancé ou retardé de l’économie mondiale et du degré de mondialisation ? s’interroge O’Neill.

Il ajoute que dans les années 1980, 1990, 2000 et 2011-20, la croissance du PIB réel mondial était en moyenne de 3,3 %, 3,3 %, 3,9 % et 3,7%, respectivement. 

L’accélération au cours des deux dernières décennies complètes était clairement due à une croissance plus forte dans le monde émergent, et elle coïncide avec la période où la FIFA a commencé à sélectionner des hôtes en dehors des bastions traditionnels du football. Il semble actuellement que cette tendance pourrait être inversée cette décennie, même avec huit ans encore.

Investissement lourd

Mobilisant l’essentiel de ses revenus des différentes éditions de la coupe du Monde de football, la FIFA se bat pour accorder une place toujours plus importante à son événement phare au calendrier, via différents élargissements successifs de son format ou encore en ouvrant récemment un débat sur sa récurrence d’organisation. Les enjeux financiers derrière de telles discussions sont colossaux…

La FIFA, dans sa volonté de diversification de l’organisation de sa compétition phare, avait nommé le Qatar comme pays hôte en 2010, qui s’est vu attribuer cette responsabilité avant d’autres candidats, à savoir le Japon, l’Australie, les USA et la Corée du Sud. Il s’agit du premier pays du Moyen Orient et également du premier pays arabe à accueillir la coupe du Monde de football.

Selon Front Office Sports, un média spécialisé dans le sport, la coupe du monde 2022 qui se tient au Qatar du 20 novembre au 18 décembre est la coupe du monde la plus chère de l’histoire. Il estime, en effet, son coût à près de 220 milliards de dollars (soit environ 212 milliards d’euros).

À titre de comparaison, c’est 14 fois plus que le coût de l’organisation de la coupe du monde au Brésil en 2014 – la deuxième plus chère de l’histoire – et 95 fois plus que celui de la Coupe du monde en France en 1998, précise-ton. Ces montants, exprimés en dollars courants, n’intègrent, certes, pas l’inflation, mais même après avoir tenu compte de l’augmentation du niveau général des prix, le coût de l’organisation de la coupe au monde au Qatar demeure plus de 12 fois plus élevé que celui de la Coupe du monde au Brésil (équivalent à environ 17,4 milliards de dollars de 2022 après prise en compte d’un taux d’inflation mondial moyen).

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