Economie

La dernière tranche de l’emprunt national servira à régler un autre prêt bancaire

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Selon le bulletin quotidien de Tunisie Clearing, dépositaire central des titres, paru hier lundi 21 novembre 2022, les montants des souscriptions à la quatrième tranche de l’Emprunt National (EN) 2022 ont atteint 880,5 millions de dinars (MD) dont 860,3 MD de prises fermes du syndicat de placement.

Spirale de l’endettement de l’Etat auprès des banques

Les ressources collectées auprès des banques au titre de la quatrième et dernière tranche de l’Emprunt National (EN) 2022 se sont élevées à 324,3 MD dont 205 MD revenant à la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), 64 MD à Amen Bank et 45 MD à la Banque de Tunisie. Par catégorie et maturité de la 4 ème tranche de l’EN 2022, les ressources mobilisées au titre de la catégorie A qui concernent les personnes physiques sont de 1,2 MD alors que celles drainées au niveau de la catégorie B (7 ans) se sont situées à 781,5 MD soit 88,75% des ressources totales.

Une part de 34% de la valeur globale mobilisée est libellée au taux fixe tandis qu’une somme de 581,7 MD est libellée au taux variable.

Cependant, la valeur mobilisée et qui s’est élevée à 880,5 MD ne suffit pas à couvrir les besoins du Trésor pour rembourser des prêts précédents aux banques, selon les données de Tunisie Clearing.

Au fait, il est prévu que l’Etat rembourser aux banques un prêt obtenue sur 13 semaines pour 1000 MD, le 23 novembre courant ainsi que les intérêts des lignes « BTA 8% 24 Novembre 2025 » et « BTA 7% 24 Novembre 2023 » jeudi 24 novembre courant s’élevant respectivement à 80 et 70 MD.

Recours récurrent à l’endettement intérieur

Il est à noter que les autorités ont annoncé le 18 novembre courant la mobilisation d’un montant de 2,975 milliards de dinars au titre de l’emprunt obligataire national pour l’exercice 2022, ce qui représente environ 212%, de l’objectif initial.

Les montants souscrits proviennent des intermédiaires en bourse et des banques avec des taux de souscription respectifs de 66% et 34%. Les banques ont souscrit à hauteur de 50% du montant global, les organismes de placement collectif 20% et les autres souscripteurs représentent 30% du montant total.

Pour mémoire, la loi des finances 2022 a prévu la mobilisation de 1,4 milliard de dinars à travers l’émission d’un emprunt national réparti sur plusieurs tranches sachant que les prévisions initiales au titre des besoins de financement du budget sont de 7,3 milliards de dinars.

Particulièrement depuis 2017, les gouvernements successifs ont eu recours à l’emprunt direct de crédits auprès des banques pour mobiliser des ressources financières. L’Etat a emprunté dès lors à neuf reprises des crédits auprès des établissements financiers vu que l’article 25 du règlement intérieur de la Banque centrale de Tunisie interdit d’emprunter des crédits auprès de la BCT.

Selon une analyse de l’agence de rating, Standard & Poor’s (S&P), le coût du défaut de la dette souveraine tunisienne s’élève à 7,9 milliards de dollars (soit 21,4 milliards de dinars) pour le secteur bancaire (principal préteur intérieur de l’Etat), ce qui représente 102% du total des fonds propres de tout le système bancaire, et 17,3% du PIB pour 2021.

Selon S&P, l’exposition des banques tunisiennes à la dette souveraine a plus que doublé pendant la dernière décennie, couplée à une forte hausse de la dette publique.

L’agence de notation a précisé qu’un défaut souverain en 2022 demeure très improbable, et si c’est le cas, il coûterait aux banques entre 4,3 et 7,9 milliards de dollars ou 55% à 102% de leurs fonds propres.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek