Le président de la Chambre nationale syndicale des commerçants grossistes de friperie, Sahbi Maâlaoui, est intervenu ce vendredi 7 janvier sur une radio privée pour évoquer les dangers qui guettent le secteur. Les étals de fripes, de plus en plus prisés par des citoyens malmenés par la cherté de la vie, pourraient tout bonnement disparaître dans 2 ans…
Maâlaoui impute cette mauvaise nouvelle, aux allures de catastrophe pour la grande majorité des familles tunisiennes, à 3 facteurs essentiellement :
La pandémie du Coronavirus a impacté le rythme des échanges avec l’Europe, gros pourvoyeur de vêtements usagés. Les confinements et restrictions successives depuis 2 ans ont impacté lourdement les déplacements des Européens. Moins de déplacements c’est moins d’initiatives pour déposer des vêtements auprès des associations caritatives et autres structures relais…
La pandémie et la crise économique qui en a résulté ont accentué les changements des habitudes de vie en Europe. Il y avait déjà l’émergence de la consommation de vêtements usagés pour des considérations écologiques et environnementales. D’ailleurs en France, pour ne citer qu’elle, il y a maintenant une multitudes d’entreprises et plateformes électroniques qui vivent uniquement des articles recyclés et des vêtements usagés. Et que dire des particuliers qui commercent directement sur leurs smartphones avec d’autres au lieu de remettre leurs vieux trucs à des oeuvres de bienfaisance…
La crise post-Covid, qui est loin d’être terminée, a renforcé la tendance. L’émission “Envoyé Spécial”, sur France 2, s’est intéressée hier soir à cette classe moyenne française que les aides de l’Etat avait oubliée et qui se débrouille comme elle peut pour arrondir les fins de mois. Une des familles mises en évidence s’en sortait en vendant directement sur le web les vêtements et chaussures que les enfants n’utilisent plus…
Tous ces vêtements, de très bonne qualité, qui traditionnellement prenaient la direction de la Tunisie et d’autres pays restent maintenant en Europe. Ça y est, les Européens ont découvert le filon, ce qui explique d’ailleurs que la marchandise qui débarque à Tunis et ailleurs soit de moins bonne qualité.
Il y a une autre raison à la raréfaction des flux de fripes vers les pays du Sud : les pays de l’Europe de l’Est, moins nantis que ceux de l’Ouest, ont flairé la bonne affaire et concurrencent férocement l’Afrique. Et ils sont avantagés puisque géographiquement ils appartiennent au continent européen…
Les tarifs de la friperie avaient déjà commencé à flamber, tout le monde l’avait remarqué. Mais avec ces nouvelles donnes c’est carrément son existence qui est en jeu, pour le plus grand malheur des Tunisiens qui toutes classes sociales confondues y trouvaient leur bonheur…
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