Economie

La France, le Maroc et l’Algérie dépensent pour protéger leurs citoyens, la Tunisie fera le contraire

La France, le Maroc et l’Algérie dépensent pour protéger leurs citoyens, la Tunisie fera le contraire

Dans cette tempête mondiale qui est loin de se calmer les gouvernements font ce qu’ils peuvent pour protéger les populations des contrecoups de l’inflation, notamment la flambée des factures énergétiques. La France a frappé fort en mettant sur la table 9,7 milliards d’euros pour nationaliser le géant de la distribution de l’électricité, EDF (Electricité de France). Le but de la manoeuvre est de tasser les prix de l’énergie pour soulager les consommateurs. Ça coûte très cher à l’Etat, ça grève les finances publiques, hausse le niveau de l’endettement, déjà colossal (112,5% du PIB fin 2021), mais c’est à ce prix que le président français, Emmanuel Macron, s’évitera une explosion sociale à laquelle viendra s’ajouter le péril politique qui guette depuis la perte de la majorité absolue au Parlement. Mais la France n’est pas la seule à prendre le virage de la protection sociale, le voisin et frère algérien aussi (normal me direz-vous avec la cagnotte qu’il a), le Maroc également, ce qui d’ailleurs lui vaut le précieux brevet de satisfecit de la part de l’agence de notation S&P Global Ratings. En Tunisie c’est tout le contraire…

C’est tout le contraire parce que le pays a multiplié les errements depuis sa dite Révolution et a tout fait saut se réformer pour faire face à ce qui secoue la planète entière en ce moment. La cigale – Tunisie – a accumulé les abus depuis le départ précipité de Ben Ali, c’est l’heure de régler la facture. C’est ce qui fait que le pays, pourtant moins endetté que la France (officiellement 77,7% du PIB, certains disent 100%) n’a plus aucune marge de manoeuvre et est obligé de regarder avec des yeux de Chimène ses voisins quand ils dépensent pour protéger les plus vulnérables. Pire : la Tunisie effraye ses bailleurs. Ne parlons même pas du marché financier mondial. C’est ce qui explique la difficulté à arracher au FMI 4 “petits” milliards de dollars, une goutte d’eau dans l’océan des problèmes du pays (il lui faut près de 20 milliards de dinars de financement étranger pour boucler son budget)…

Evidemment la générosité de l’Etat, de tout Etat, n’est pas sans contrepartie. En France par exemple la Première ministre a décrété “la mobilisation générale” autour d’un ambitieux Plan de sobriété énergétique. Le but est de réduire de 10% la consommation nationale dans les deux prochaines années. C’est beaucoup, ça demandera des efforts colossaux, douloureux que le pays n’a pas faits depuis la seconde guerre mondiale. Mais si chacun baisse, éteint et décale, comme le dit le slogan du film de la campagne nationale, il est possible d’y arriver. Est-ce qu’on peut raisonnablement demander ça au citoyen tunisien ? La réponse est NON, évidemment…

On ne peut rien demander de plus à ce citoyen à qui les autorités font les poches, en assumant publiquement une hausse irrationnelle des prix du carburant alors que les cours du baril de pétrole baissent à l’international. On ne peut rien demander de plus à ce consommateur qui doit tout payer plus cher, s’il arrive à trouver les produits de première nécessité sur le marché. On ne peut rien demander de plus à des Tunisiens à qui au quotidien on enlève des raisons d’espérer, par la faute de pouvoirs publics dont la crédibilité tend vers zéro après tant de rendez-vous manqués, tant de promesses non tenues…

Un Etat qui protège est en droit d’exiger de ses administrés des sacrifices, même très douloureux, tant que ça reste dans les clous de l’intérêt général, la Tunisie ne peut pas en dire autant, hélas. Ça viendra peut-être à l’avenir, mais pour le moment on en est là.

La disparition progressive des subventions, que le gouvernement continue de clamer, en déphasage complet avec les difficultés des Tunisiens et avec ce que font la France, le Maroc et l’Algérie, sera sans aucun doute un des noeuds gordiens de ces prochains mois. L’UGTT, publiquement, a mis son veto sur ce dossier qui porte les germes d’une très forte tension sociale. Par deux fois la centrale syndicale a dit “Niet” aux réformes de Najla Bouden, notamment la très emblématique réforme de la compensation. Le gouvernement dit qu’il va diriger ces subventions vers les personnes qui en ont réellement besoin, l’UGTT lui rétorque que 80% des Tunisiens en ont besoin. Assurément ces deux là ne parlent pas le même langage, pourtant le FMI exige qu’ils prennent langue et accordent leurs violons. C’est à cette condition qu’il décaissera une partie de ce que lui demande Tunis

Comment ce bras de fer entre l’organisation phare du pays et le gouvernement finira ? Nul ne le sait. Ce qui est certain c’est que les citoyens tunisiens, dans tous les cas, sont partis pour des années de galère d’où seul un miracle les sortira…

 

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