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La France n’est plus l’otage du Niger : Macron a trouvé beaucoup d’uranium en Mongolie et même plus

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Les putschistes nigériens n’ont jamais évoqué une éviction totale de la France du marché de l’uranium. La junte militaire s’est bornée à enterrer les accords sur la Défense et à exiger le départ de l’ambassadeur et des soldats français. Les nouvelles autorités nigériennes ont certainement nourri secrètement le projet d’arracher toutes les concessions sur l’uranium mais elles n’en ont pas les moyens, surtout après que les USA ont sabré l’aide de 500 millions de dollars. Le président français Emmanuel Macron a certainement commis beaucoup d’erreurs dans la formulation de ses prises de position sur le coup d’Etat du 26 juillet dernier, mais pas l’erreur de menacer les intérêts supérieurs de son pays. Il a déjà une remplaçante toute trouvée pour l’uranium nigérien et même beaucoup plus : la Mongolie.

Macron a été le premier président français à visiter la Mongolie, en mai dernier et pour le coup il a eu beaucoup de flair. Son homologue Ukhnaa Khurelsukh lui a renvoyé l’ascenseur le 12 octobre 2023 à Paris. Tapis rouge, garde républicaine, banquet somptueux à l’Elysée et tout le décorum (on le sait le chef de l’Etat français ne lésine pas sur les dépenses) ne sont pas de trop pour les gros enjeux derrière ce voyage : Boucler les dossiers défrichés à Oulan-Bator autour des minerais que le monde entier se dispute

Et pour la Mongolie il s’agissait de se donner une assurance-vie, elle qui est coincée entre deux puissants et redoutables voisins qui sont tout sauf des démocraties, la Chine et la Russie. Donc les deux parties y trouvent leur compte. Pour le groupe français Orano, qui opérait déjà en Mongolie, ça sent très bon. Il mettra la main sur une mine d’uranium qui est potentiellement l’une des grosses au monde, à Zuuvch-Ovoo, dans le sud-ouest du pays. Le Niger était déjà secondaire pour Paris, il le sera encore plus avec ce méga accord.

“Cette nouvelle étape” va “se concrétiser par des projets qui visent à exploiter ensemble les ressources identifiées sur le territoire mongol, en particulier les métaux critiques au coeur de la transition énergétique“, a déclaré le président français lors de la cérémonie de signature. Il a promis le “strict respect des meilleurs standards environnementaux et sociaux“. Mais tout le monde sait que l’essentiel est ailleurs, avec cet immense parc nucléaire qui a besoin de beaucoup de combustible pour alimenter les foyers français.

D’ici la fin de l’année les deux partenaires vont parler gros sous pour financer ce projet. Donc les choses vont aller très vite pour ce qui est présenté comme 4% de la production mondiale d’uranium. Une source proche de ce dossier l’avait évalué en juin à “plus d’un milliard d’euros“. Orano – ex-Areva -, un ténor du combustible nucléaire, a magnifié l’arrivée de la Mongolie “dans un contexte de forts besoins en uranium ces prochaines décennies” pour produire de l’énergie bas carbone.

Cet investissement s’inscrit dans “la stratégie de diversification des activités minières du groupe“, a dit dans un communiqué Claude Imauven, président du Conseil d’administration d’Orano, dont la filiale Somaïr a été contrainte de stopper la production de concentré d’uranium au Niger après le putsch.

C’est un accord de pré-exploration préliminaire sur une durée de six mois, pour la création d’ici le printemps prochain de cartes de prédictivité minière à partir d’images satellites, dans le domaine du lithium“, a indiqué Jean-Claude Guillaneau, responsable de la coopération internationale au BRGM. Il parle d'”un bassin de plusieurs milliers de kilomètres carrés au sud d’Oulan-Bator“.

Le palais de l’Elysée souligne la nécessité de “renforcer” son partenariat avec la Mongolie pour qu’elle ait “les moyens de bénéficier d’une plus grande souveraineté stratégique” face à ses deux encombrants voisins. La Mongolie considère la France comme son troisième voisin et un partenaire fiable en Europe“, a commenté hier jeudi le président Ukhnaa Khurelsukh, qui assume de plus en plus son ambition de sortir de la dépendance et du joug de Pékin et Moscou.

Macron bétonne sa route vers la Mongolie, même la culture. Le président mongol inaugurera ce vendredi à Nantes une exposition dédiée à Gengis Khan, le fondateur de l’empire mongol. Rappelons que le chef de l’Etat français s’était rendu au musée Gengis Khan lors de son voyage à Oulan-Bator. Bref, c’est un sans-faute pour Paris…

 

 

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